Kenscoff, localité de Galette — La commune de Kenscoff s’enfonce un peu plus dans l’horreur. Yvana, fillette de 15 ans, élève au Lycée national de Furcy, a été brutalement assassinée dans la soirée du samedi dernier, en même temps que son père, lors d’une attaque armée attribuée à des bandits opérant dans la zone. Le drame s’est produit dans la localité de Galette. Les circonstances exactes de l’attaque restent floues, mais des habitants évoquent une nouvelle irruption violente de groupes armés circulant librement dans la commune. En effet, une nouvelle attaque des bandits appartenant à la coalition de gangs dénommée « Viv Ansanm », a fait plusieurs victimes dans des localités de la commune de Kenscoff. Les faits se sont produits dans la nuit du 26 au 27 décembre dernier.
La mort de Yvana, adolescente décrite comme calme, studieuse et sans histoire, a provoqué une vive émotion au sein de la population locale et de la communauté éducative de Furcy. Une fois encore, l’école haïtienne pleure l’un de ses enfants, emporté par une violence aveugle qui ne distingue plus civils, adultes ou mineurs.
Ce double assassinat s’inscrit dans une spirale de violences répétées à Kenscoff, régulièrement documentées par Le Quotidien 509. Depuis plusieurs mois, cette commune, autrefois considérée comme relativement paisible, est devenue un espace de transit, de repli et d’expansion pour des groupes armés.
Kenscoff, c’est aussi le cas de Pierre Phamphil, un septuagénaire blessé par balle à la jambe gauche. Des bandits armés lui ont tiré dessus après l’avoir intercepté, lui reprochant de trop circuler dans la commune. L’homme a survécu, mais cet acte illustre la peur permanente imposée aux habitants, y compris aux personnes âgées, dans une commune livrée à la violence armée.
Attaques ciblées, assassinats, enlèvements, incendies criminels, pillages et déplacements forcés de familles ont été signalés dans plusieurs localités, notamment à Furcy, Galette, Nouvelle-Touraine et Obléon. Malgré les alertes répétées des habitants et des autorités locales, la présence sécuritaire demeure largement insuffisante, laissant la population livrée à elle-même.
À titre de rappel, les trois enfants de Jethro, dont deux fillettes, enlevés le 12 juillet dernier à Obléon, ont retrouvé la liberté, selon notre reporter à Kenscoff. Ces enfants ont vécu un séjour particulièrement éprouvant entre les mains de gangs armés. Leur père, gardien de la résidence de Fritz Mevs, dite « Ti Fritz », peut aujourd’hui souffler, même si la peur demeure omniprésente.
Malgré la reprise annoncée du site stratégique de l’ancienne Téléco par la Police nationale d’Haïti (PNH), les Forces armées d’Haïti (FAd’H) et la Mission multinationale de soutien à la sécurité (MSS), Obléon reste un territoire largement hors du contrôle de l’État, toujours sous l’influence du gang « Viv Ansanm ».
Dans la nuit du 12 juillet, le commissariat de Furcy avait été incendié, tandis que des quartiers entiers étaient vidés de leurs habitants. Kenscoff vit depuis au rythme d’une violence quasi quotidienne : enlèvements, incendies, affrontements armés et attaques ciblées.
Le gang « Viv Ansanm » avait notamment frappé l’orphelinat Nos Petits Frères et Sœurs, kidnappant son directeur Kenson Kaas, l’Irlandais Gena Heraty, ainsi que plusieurs enfants handicapés. Madame Heraty et certaines autres personnes ont été libérées. Des employés d’une maison de fleuriste avaient également été pris en otages. Autant d’événements qui confirment que Kenscoff est devenu un véritable champ de bataille.
Le 25 août 2025, la PNH, les FAd’H et la MSS annonçaient la reprise du site stratégique de l’ancienne Téléco, occupé pendant plusieurs années par des groupes criminels. L’opération, menée de nuit, avait permis la saisie de 1 524 cartouches et de divers matériels, selon une conférence de presse conjointe tenue à la Direction générale de la PNH.
Mais sur le terrain, les violences se poursuivent, et l’assassinat de Yvana et de son père illustre cruellement l’écart entre les annonces officielles et la réalité vécue par les populations.
L’assassinat de cette adolescente relance le débat sur la banalisation de la mort, l’exposition croissante des enfants à la violence armée et l’effondrement des mécanismes de protection sociale en Haïti. Jusqu’à quand des familles devront-elles enterrer leurs enfants, victimes collatérales d’une guerre non déclarée ?
Le Quotidien 509 s’incline devant la mémoire de Yvana et de son père, et adresse ses condoléances à leurs proches, à la communauté éducative de Furcy et à toute la commune de Kenscoff, une fois de plus meurtrie.
La rédaction
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