Delmas, 11 juillet 2025. Le dernier communiqué de la Fondation AIC, accompagné de clichés bien cadrés d’Olivier Barrau, ne passe pas inaperçu. En déployant une clinique mobile dans plusieurs camps précaires de Delmas, la fondation a offert soins et assistance à une population durement frappée par la crise. Une initiative à première vue louable, mais qui soulève des questions fondamentales, tant elle contraste avec le silence assourdissant de Barrau face à la détresse de Kenscoff, sa propre commune.
Car lorsque les gangs ont incendié sa maison à Kenscoff, pas un mot, pas une prise de position. Aucune action, ni même un message de soutien à l’égard de la population locale, pourtant elle aussi livrée à l’insécurité, aux déplacements forcés et à l’abandon de l’État.
Dès lors, le choix d’agir à Delmas – cœur médiatique de la capitale – prend une dimension éminemment stratégique. La souffrance y est réelle, certes, mais la visibilité y est maximale. Ce qui pousse à une question de fond : la Fondation agit-elle par humanisme ou par calcul d’image ?
Dans un pays où la société civile est de plus en plus politisée par défaut, l’apparition soudaine d’Olivier Barrau semble moins relever de l’élan solidaire que d’un retour orchestré sur la scène publique. Et ce, au moment même où le Conseil Présidentiel provisoire peine à s’affirmer, où les tensions entre Fritz Alphonse Jean et le secteur privé s’exacerbent, et où le Premier ministre Alix Didier Fils Aimé cultive une neutralité prudente entre les camps.
La compassion ne peut être sélective. Être absent quand sa propre communauté souffre, et visible quand les caméras sont là, c’est perdre en cohérence et en crédibilité. Et dans un contexte aussi instable que celui d’Haïti, les postures opportunistes ne passent plus inaperçues.
Ce geste de la Fondation AIC ne peut être déconnecté de la conjoncture politique mouvante. Il arrive à un moment précis, où les ambitions personnelles et les recompositions d’alliances se multiplient. Ainsi, ce communiqué est-il un acte humanitaire sincère ou un message politique soigneusement codé ? En Haïti, la frontière est plus floue que jamais. Neutralité ou stratégie ? Compassion ou positionnement ? À chacun d’interpréter, mais à tous d’observer avec lucidité.
La rédaction
