Dans le Grand Nord, plusieurs firmes de construction engagées dans le projet d’eau potable financé par la BID ont stoppé leurs activités. Travaux de forage, pose de tuyaux, bétonnage, asphaltage : tout est à l’arrêt. La raison ? La DINEPA ne paie plus. Selon nos informations, les directeurs actuels, Edzer Poisson et Théophile Ostinvil, sont incapables de fournir les rapports financiers exigés par la BID. Résultat : les fonds sont gelés. La BID attend des justifications. La population attend de l’eau.
Des rues défigurées et une ville assoiffée
Au Cap-Haïtien, les chantiers inachevés de la DINEPA ont laissé la ville dans un chaos visible : des rues éventrées, poussières, boue, et surtout… pas d’eau. Des zones entières comme Fort Saint-Michel, rue Christophe, Conassa, n’ont plus accès à l’eau courante. Les camions privés sont en panne. Le prix du ti-bokit (seau d’eau) est monté à 25 gourdes dans certains quartiers.
Un sabotage administratif doublé d’un mépris envers les prestataires
En plus des entreprises de construction, plusieurs compagnies de communication et d’événementiel, légalement contractées par la DINEPA, réclament aujourd’hui le paiement de services rendus depuis plusieurs mois. Pourtant, c’est le département de communication et la direction générale elle-même qui avaient sollicité ces prestations. Mais face aux réclamations, les responsables de l’institution pratiquent le marronnage administratif, évitent les prestataires et tentent de faire porter la responsabilité à la BID, affirmant que l’institution financière n’a pas encore débloqué les fonds nécessaires. Une manœuvre mensongère, puisque c’est bien le défaut de reddition de comptes côté DINEPA qui bloque le financement.
Des engagements piétinés et une BID trahie
Rappelons que la BID avait pourtant présenté ce projet, lors de la visite officielle de son président Ilan Goldfajn en mai 2025, comme un pilier stratégique du redressement économique et touristique du Grand Nord, censé desservir plus de 130 000 foyers. Une ambition aujourd’hui torpillée par une gestion chaotique au sein de la DINEPA. L’actuel directeur général, Théophile Ostinvil, refuse même d’honorer les contrats et engagements pris par ses prédécesseurs, ce qui plonge les fournisseurs dans une incertitude totale.
22 Août : le Grand Nord se prépare à manifester
À l’approche du 22 août, date historique du soulèvement des esclaves en 1791, plusieurs groupes de citoyens et plateformes locales ont annoncé sur les réseaux sociaux leur intention de descendre dans les rues du Cap-Haïtien. Les appels à la mobilisation se multiplient, exigeant la libération des fonds bloqués, la reprise immédiate des travaux et des explications claires sur l’utilisation des fonds de la BID.
Si la BID veut réellement aider Haïti, la DINEPA sabote tout. En compromettant la réalisation de projets essentiels pour des centaines de milliers de citoyens, en refusant d’honorer ses dettes, en mentant aux partenaires et en méprisant ses engagements, Poisson et Ostinvil installent un climat de méfiance et de frustration. Ce ne sont plus seulement des erreurs techniques, mais un sabotage systémique.
Sur les cinq dernières années, la BID affirme avoir mobilisé plus de 670 millions de dollars, dont 200 millions rien qu’en 2024, pour des investissements critiques en Haïti dans les secteurs de l’éducation, la santé, l’eau, l’assainissement et le secteur privé. Pour 2025–2026, la Banque prévoit 243 millions de dollars supplémentaires en subventions, avec 140 millions de projets déjà en préparation. Parmi ces projets figurent un programme de formation des jeunes visant à prévenir le recrutement par les gangs, ainsi que la réhabilitation de la salle d’urgence et du service de chirurgie de l’Hôpital Justinien.
La rédaction



