Saint-Domingue, 28 avril 2025 – Face à la crise « sans précédent » en Haïti et à ses répercussions directes sur la République dominicaine, le président Luis Abinader a lancé une invitation personnelle aux anciens chefs d’État dominicains Leonel Fernández, Danilo Medina et Hipólito Mejía afin de se réunir et discuter des mesures à prendre. L’annonce a été faite lors de la conférence hebdomadaire La Semanal con la Prensa ce lundi 28 avril.
« Je lance aujourd’hui une invitation personnelle aux anciens présidents, car la situation actuelle en Haïti est sans précédent dans l’histoire. Elle représente donc un défi sans précédent pour la République dominicaine », a déclaré Abinader. Il a précisé qu’il est prêt à rencontrer les ex-présidents ensemble ou individuellement, et à l’endroit de leur choix.
Cette démarche intervient dans un contexte où le gouvernement est de plus en plus critiqué pour sa gestion de la crise haïtienne et des flux migratoires à la frontière.
Leonel Fernández répond avec une contre-proposition structurée
Le président de la Force du Peuple et ancien chef d’État Leonel Fernández a répondu à l’appel du chef de l’État en insistant sur la nécessité urgente d’un dialogue national, large et inclusif. Il estime qu’un consensus politique est indispensable pour faire face efficacement à la crise migratoire.
Mais au-delà de la critique, Fernández a également présenté une série de propositions concrètes :
Renforcement de la protection frontalière : il propose d’équiper la frontière de technologies de surveillance avancées et d’augmenter le nombre de soldats qualifiés sur la ligne frontalière, afin d’assurer une vigilance continue sur l’ensemble du territoire.
Démantèlement des réseaux de traite humaine : Fernández appelle à des actions résolues contre les mafias qui exploitent la migration irrégulière. Il estime que la lutte contre ces réseaux est une condition essentielle pour stabiliser la situation.
Amélioration des centres de détention : il insiste sur la nécessité de garantir des conditions humaines et sécurisées dans les centres accueillant les migrants, tout en accélérant les procédures de rapatriement selon les normes légales et les droits humains.
Application rigoureuse des lois migratoires : l’ancien président plaide pour une application continue et équitable des lois migratoires, afin d’éviter que les contrôles ne se limitent à des opérations ponctuelles sans impact durable.
Construction transparente et responsable du mur frontalier : critiquant la lenteur des travaux, il dénonce le fait que seuls 2,7 km des 164 prévus ont été réalisés en trois ans, une situation qui, selon lui, sape la confiance du public dans l’action de l’État.
Fernández a mis en garde contre une approche unilatérale et politisée du gouvernement actuel sur la question migratoire, soulignant que cette posture ne fait qu’aggraver la crise et miner la confiance du peuple dominicain.
Vers une réponse d’État concertée ?
La réponse de Leonel Fernández place désormais la balle dans le camp des autres ex-présidents, Danilo Medina et Hipólito Mejía, dont la position est encore attendue.
La rédaction