Si depuis 2019, les élections n’ont pas été réalisés dans les délais prescrits par la loi pour rendre fonctionnelle l’administration publique avec une légitimité non controversée, aujourd’hui aussi vrai qu’il est impératif de sortir de ce mauvais cycle de transition, aussi vrai qu’on se questionne sur la faisabilité de la chose.
En effet, les citoyens ont troqué leur liberté naturelle contre une liberté contractuelle, conventionnelle et sociale, en la déléguant à leurs représentants pour qu’ils prennent des décisions en leur nom, comme l’a soutenu Jean-Jacques Rousseau dans Le Contrat Social.
Tout devrait donc passer par la voie des élections.
La Déclaration de 11 mars 2024 de la Caricom, l’accord daté du 03 avril 2024, les décrets portant création et organisation du Conseil présidentiel de transition, fixent tous la passation du pouvoir transitoire à un gouvernement élu pour le 7 février 2026.
Malgré la date butoir du 7 février 2026, aucune date ferme n’a encore été publiée pour la tenue des élections générales, bien qu’un calendrier préliminaire ait proposé un référendum constitutionnel en mai 2025 et des élections générales en novembre 2025. Aujourd’hui, le dossier du référendum et de la révision constitutionnelle a une fois de plus été abandonné :
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Version 1, sous la coordination de Mathias Pierre durant la présidence de Jovenel Moïse ;
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Version 2, sous la coordination de l’ex-Premier ministre Enex Jean-Charles et du Comité de Pilotage de la Conférence Nationales, sous le règne du Conseil présidentiel de transition.
Des fonds ont été gaspillés. Mais qui rendra des comptes ?
Qu’en est-il du montant versé et dépensé dans le Basket Fund des élections, géré par les Nations Unies ?
Selon nos informations, le fonds électoral pour Haïti n’a été alimenté jusqu’ici que par l’État haïtien. Aucun pays membre n’a encore contribué. Ce fonds est administré par les agences onusiennes, notamment le PNUD et l’UNOPS, qui perçoivent des frais de gestion réguliers sur le compte.
Aujourd’hui, les doutes se multiplient sur la faisabilité des élections et les citoyens s’interrogent : « Comment peut-on envisager des élections pour toutes les branches du pouvoir politique de l’État dans une situation sécuritaire aussi dégradée ? »
À trois mois du 7 février 2026, le projet de décret électoral soumis en octobre dernier par le CEP relance les interrogations. Ce texte sera-t-il maintenu, révisé ou remplacé avant les élections de 2025-2026 ?
Les partis politiques et organisations de la société civile peuvent encore demander une copie imprimée du projet et soumettre leurs propositions au bureau central du CEP à Pétion-Ville, jusqu’au 10 novembre 2025. La composition même du CEP reste sujette à débat dans l’opinion entachant même sa légitimité et sa crédibilité.
Dans le cadre de la nouvelle année fiscale, le Gouvernement de facto dirigé par Alix Didier Fils-Aimé a adopté un budget national d’environ 345 milliards de gourdes avec un accent sur l’organisation des élections et à la sécurité. Un fonds de 65 millions de dollars est déjà disponible, complété par une enveloppe additionnelle inscrite dans le nouveau budget national a informé la Primature le 21 octobre dernier.
Les départements du Centre, de l’Ouest et de l’Artibonite restent largement sous le contrôle des gangs armés. Or, ces trois départements représentent ensemble environ 60 % de l’électorat national, avec l’Ouest et l’Artibonite à eux seuls concentrant 53,9 % de cet électorat. Pour le département de l’Ouest, le pourcentage de l’électorat, suivant les données publiées par le Conseil électoral provisoire, est élevé à 41,0 %.
Pour l’Artibonite, ce pourcentage est de 12,9 %, et pour le Centre, de 6,7 % — des zones marquées par de fortes tensions et un risque sécuritaire élevé.
Des partenaires internationaux réclament des élections, mais l’institution de transition est dans une situation d’attente entre promesse, réalité, capacité et leadership.
Le 31 octobre 2025, sur les ondes de Radio Méga, le président du Conseil Électoral Provisoire (CEP), Jacques Desrosiers, a reconnu qu’il est désormais impossible d’organiser les élections avant le 7 février 2026. Une déclaration qui ne fait, en réalité, que confirmer une évidence déjà admise par la plupart des observateurs.
Aujourd’hui la résolution 2793(2025) du conseil de sécurité des Nations-unies a autorisé la transformation de la mission kenyane en force de Répression des Gangs (FRG). La communauté internationale veut sortir de cette transition coûte que coûte. Cependant, le tableau reste gris malgré la plateforme d’enregistrement des partis politiques lancée par le Ministère de la Justice sous l’initiative du gouvernement Alix Didier Fils-Aimé et de la Présidence.
Et plus que jamais la question brulante reste sur les lèvres : Sans une opération répressive sérieuse contre les groupes armés, est-il réellement possible d’organiser des élections en Haïti dès 2026 ?
Daniel VEILLARD
Lire aussi : Le pari des élections de 2026 en Haïti : Un défi en pleine insécurité généralisée
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