Alors que plus de 80 % de la zone métropolitaine de Port-au-Prince échappe au contrôle de l’État, le commissaire du gouvernement, Me Frantz Monclair, a entrepris ce vendredi une tournée dans les quelques commissariats encore fonctionnels dans sa juridiction. Une visite présentée comme un geste de soutien aux forces de l’ordre, mais qui révèle surtout l’ampleur de la dégradation des infrastructures judiciaires et carcérales en Haïti.
Les commissariats de Port-au-Prince, de Pétion-Ville, de Delmas, ainsi que le centre de détention pour mineurs (Cermicol) — transformé de fait en prison depuis plus d’un an — ont été visités. Me Monclair affirme avoir voulu constater personnellement les conditions de détention dans ces lieux, désormais utilisés comme substituts aux prisons détruites ou inaccessibles.
Le constat est accablant : les détenus y sont gardés dans des conditions qui violent clairement les normes en vigueur. « Les commissariats n’ont pas été construits pour accueillir des prisonniers », reconnaît le chef du parquet, déplorant une situation qui ne fait qu’aggraver la souffrance des personnes en détention provisoire, souvent oubliées du système judiciaire.
Pire encore, aucune mention n’a été faite de la prison pour femmes, totalement délaissée par les autorités. Ce silence en dit long sur l’ampleur de la crise et sur le peu de cas fait des droits des femmes détenues, souvent enfermées dans des conditions inhumaines et privées d’un minimum de dignité.
Dans un effort de réponse, Me Monclair annonce que des audiences et des assises criminelles — avec et sans assistance de jury — seront prochainement organisées, conformément aux instructions du Premier ministre Alix Didier Fils-Aimé et du ministre de la Justice, Dr Patrick Pélissier.
Pour l’instant l’Etat de droit en Haïti reste un voeu pieux et l’injustice se fait roi.