Un chiffre qui alarme, un silence qui scandalise
Au cours des douze premiers jours d’avril 2025, 14 874 Haïtiens ont été expulsés de la République dominicaine, selon les chiffres fournis par la Direction Générale de Migration (DGM). Une fois de plus, les autorités dominicaines ont intensifié leurs opérations dans les zones de Friusa, Mata Mosquito, Villa Playwood, Kosovo et Haïti Chiquito, dans la province de La Altagracia. Ces actions musclées ont été appuyées par 160 agents d’action rapide, formés avec l’appui des Forces Armées dominicaines a informé les autorités de la République Dominicaine. Récemment, ce pays a pris 15 mesures pour combattre la migration illégale.
Un appareil diplomatique haïtien en mode fantôme
Pendant ce temps, du côté haïtien, rien. Silence radio. Ni le Ministère de l’Intérieur, responsable de la migration, ni le Ministère des Affaires Étrangères, ni le Ministère des Haïtiens Vivant à l’Étranger, pourtant directement concernés par cette vague d’expulsions, n’ont daigné émettre le moindre communiqué.
Pas une note, pas une déclaration, pas une visite sur le terrain. De qui ou de quoi ont-ils peur ?
Ministres en poste, responsabilités absentes
Paul Antoine Bien-Aimé, octogénaire, ministre de l’Intérieur, responsable de la migration, muet comme une tombe sur cette vague de refoulements qui touche des milliers de citoyens haïtiens. Le ministre laisse le soin à l’OIM de gérer les migrants qui débarquent dans le nord du pays. L’OIM donne aux expulsés entre 5 000 gourdes et 15 000 pour leur permettre leur réinsertion dans la communauté. Qui sont les personnes déportées ? Quel risque sécuritaire pour le Nord du Pays ?
Harvel Jean Baptiste, le chancelier, semble bien plus préoccupé par ses per diem de missions diplomatiques que par la honte nationale que représente le traitement de ses compatriotes à l’étranger. Haïti rate toutes les occasions diplomatiques pour aplanir ses différends avec la République Dominicaine et la diplomatie haïtienne semble davantage se tourner aujourd’hui vers des pays qui manifestent leur rejet du leadership américain. Leslie Voltaire semble lui-même être le meneur de la diplomatie au CPT.
Et que dire de Kathia Verdier, à la tête du Ministère des Haïtiens Vivant à l’Étranger ? Son silence récurrent s’apparente à une disparition. Si ce ministère ne prend jamais position, sert-il vraiment à quelque chose ? Ironie de la situation : la ministre Kathia Verdier a été déclarée persona non grata aux Journées Internationales de la Diaspora Haïtienne de Montréal selon le média Hebdo24.
La diaspora haïtienne est outrée. Les migrants haïtiens vivent l’humiliation, la peur, la précarité, pendant que ceux qui prétendent les représenter accumulent privilèges et indifférence.
Ironie tragique du moment
Des couvertures en plastique distribuées aux déplacés internes, qui espèrent simplement que les grands vents ne viendront pas accompagner les pluies torrentielles annoncées et n’emporteront pas ces bâches de fortune qui leur servent d’abri.
Pendant ce temps, des milliers d’Haïtiens déportés de la République dominicaine, de la région et des États-Unis sont rejetés dans leur propre pays sans la moindre considération pour leur dignité humaine — traités comme des criminels, abandonnés à eux-mêmes.
Il est légitime de se demander : comment distingue-t-on, dans ce traitement brutal, les véritables criminels des personnes simplement en situation migratoire irrégulière.
Les ministres ferment les yeux, les « élites économiques » gardent le silence, et quand le peuple s’indigne, on le traite de manipulé, on le réprime avec des gaz lacrymogènes. Le porte-parole de la PNH Lionel Lazarre, avait dans une interview sur Radio Télé Métropole insisté que les manifestants sont infiltrés, justifiant l’utilisation de gaz lacrymogènes pour les disperser.
Un affront à l’identité haïtienne
Porter un passeport haïtien devient, pour beaucoup, une source de honte et d’humiliation. Ceux qui devraient protéger l’image et les droits de la nation à l’étranger se taisent et encaissent, laissant la diaspora sans interlocuteur, sans stratégie, sans respect.
À quand un sursaut ?
À quand une prise de parole responsable et courageuse ?
Combien de familles devront encore pleurer, combien de corps devront être expulsés ou rapatriés dans des sacs, avant qu’un gouvernement ne comprenne que la dignité de son peuple n’est pas négociable ?
La rédaction