Boston, 21 juin 2025 — Jean Morose Viliena, ancien maire de la commune des Irois, dans le sud-ouest d’Haïti, a été condamné mardi à neuf ans de prison fédérale suivis de trois années de liberté surveillée. La justice américaine l’a reconnu coupable d’avoir obtenu frauduleusement un visa et une carte de résident permanent (green card) en dissimulant son implication dans de graves exactions commises en Haïti entre 2006 et 2010, selon la note du 20 Juin 2025 du département de la Justice des Etats-Unis.
Condamné par un jury fédéral en mars dernier pour fraude sur visa, Viliena, 53 ans, a menti dans ses démarches d’immigration, affirmant n’avoir jamais pris part à des meurtres ou violences politiques. Or, selon l’enquête du ministère américain de la Justice, il a dirigé ou ordonné plusieurs attaques sanglantes contre des opposants lorsqu’il était maire des Irois, avec l’appui du groupe politique Korega, accusé d’avoir armé ses partisans pour asseoir son pouvoir.
Le procès a révélé que, le 27 juillet 2007, Viliena aurait dirigé un groupe armé vers le domicile d’un militant local. Ce dernier n’était pas présent, mais son frère cadet a été tué d’une balle avant que son crâne ne soit écrasé à coups de pierre, sous les yeux de témoins.
En avril 2008, l’ancien maire aurait mené une autre expédition punitive contre une station de radio fondée par des opposants. Des armes ont été distribuées à ses partisans. Deux personnes ont été gravement blessées : l’une a perdu une jambe, l’autre a été rendue partiellement aveugle.
Moins de deux mois après cette attaque, Viliena déposait sa demande de visa auprès du consulat américain à Port-au-Prince. En cochant “non” à la question sur les crimes politiques et extrajudiciaires, il a pu immigrer aux États-Unis, où il s’est installé confortablement, a trouvé un emploi, élevé un fils, aujourd’hui citoyen américain, et voyagé librement entre les États-Unis et Haïti.
Pour les autorités américaines, ce cas est emblématique.
« Viliena a bâti sa vie aux États-Unis sur un mensonge et sur le silence imposé à ses victimes », a déclaré Leah B. Foley, procureure fédérale du Massachusetts.
« Il a fui la justice haïtienne, mais il n’échappera pas à la justice américaine », a renchéri Matthew R. Galeotti, responsable de la division criminelle du Département de la Justice.
L’enquête a été menée par le bureau de Homeland Security Investigations (HSI) de Boston, en collaboration avec le Centre pour les violations des droits humains et les crimes de guerre (HRVWCC), un organe fédéral qui traque les auteurs de crimes contre l’humanité réfugiés aux États-Unis.
La rédaction