Une cérémonie s’est tenue ce jeudi 17 avril à la Villa d’Accueil pour marquer le 200e anniversaire de l’ordonnance du roi Charles X (de France) sur la dette de l’indépendance. L’occasion pour le Conseil présidentiel de Transition (CPT) de réclamer « restitution et réparation ».
Cependant, dans une commémoration aussi précise, liée exclusivement à un épisode douloureux entre Haïti et la France, la présence du drapeau de la CARICOM a suscité l’étonnement de plus d’uns. Ce symbole régional n’avait pas de lien direct avec l’objet de la cérémonie, à moins qu’il ne s’agisse d’une volonté implicite de rattacher cette revendication à un cadre panafricain ou caribéen contre les injustices post-coloniales. Mais rien dans les discours officiels n’est venu appuyer cette hypothèse.
La cérémonie du jour s’est déroulée, entre autres, en présence du premier ministre Alix Didier Fils Aimé, des membres de son gouvernement, du Commandant en chef des Forces Armées d’Haïti, le Lieutenant-général Derby Guerrier, du Directeur général a.i. de la Police Nationale d’Haïti (PNH), Rameau Normil et du recteur de l’Université d’État d’Haïti (UEH), le professeur Dieuseul Prédélus.
Selon une note du CPT, cette cérémonie renforce son engagement à continuer les dialogues avec la France en vue d’avoir la restitution de la dette de l’Indépendance et la réparation des torts causés au pays.
Le coordonnateur du conseil, Fritz Alphonse Jean, a évoqué les différentes démarches des autorités françaises ayant abouti à l’ordonnance du roi Charles X, pour reconnaître l’indépendance d’Haïti qui a dû payer environ 150 000 000 de Francs-or.
Il estime que c’était une façon pour l’ancienne colonie de punir Haïti qui avait ouvert la voie à la liberté au sein de l’humanité.
Pour sa part, le conseiller-président Leslie Voltaire a plaidé en faveur de la restitution de la rançon et la réparation des torts causés par le régime esclavagiste qui a duré plusieurs siècles.
« Tous les fils et filles du pays, en Haïti comme dans la diaspora, doivent élever la voix pour réclamer cette restitution », affirme Leslie Voltaire, affirmant avoir pris acte de la note publiée par l’Élysée à l’occasion de cette journée.
En effet, la présidence française a publié une note dans laquelle elle souligne, qu’aujourd’hui, en ce bicentenaire, il nous faut, ici comme ailleurs, regarder cette Histoire en face.
Elle reconnaît qu’Haïti, est un pays né d’une révolution, fidèle à l’esprit de 1789 sur les principes universels de Liberté, d’Egalité et Fraternité.
Reconnaître la vérité de l’Histoire, c’est refuser l’oubli et l’effacement, écrit Emmanuel Macron, ajoutant que la France doit assumer sa part de vérité dans la construction de la mémoire, douloureuse pour Haïti, qui s’est initiée en 1825.
Voilà pourquoi, il annonce la création d’une commission mixte haïtano-française co-présidée par les historiens Gusti-Klara Gaillard Pourchet d’Haïti et Yves Saint-Geours de France.
Le CPT a certes réitéré sa demande de restitution et de réparation, saluant la note de l’Élysée qui reconnaît « la douleur historique » de cette dette et annonce la création d’une commission mixte haïtiano-française chargée d’examiner ce passé.
Mais un détail symbolique reste gravé dans les mémoires : la présence du drapeau de la CARICOM, dans une cérémonie exclusivement axée sur les relations franco-haïtiennes.
Dans un contexte où les États-Unis, la France et le Royaume-Uni multiplient les déclarations et interventions autour du futur politique d’Haïti, le flou est inquiétant. Haïti serait-elle aujourd’hui sous le joug de la CARICOM ? Ce symbole, mal intégré dans un cadre historique aussi sensible, interroge.
Qu’est-ce qu’on ne dit pas au peuple haïtien ?
Il est vrai que l’accord du 11 Mars créant le CPT a été mené par la CARICOM. Haïti est-elle sous tutelle régionale ? Qu’est-ce qu’on ne dit pas au peuple haïtien ?
La Rédaction