Port-au-Prince, 6 mai 2025 — Intervenant ce mardi à l’espace « Les Mardis de la Nation », le ministre des Affaires sociales et du Travail, Georges Franck Wilbert, a annoncé une série de mesures d’accompagnement en faveur des déplacés internes ainsi que des dispositifs d’accueil pour les rapatriés à la frontière. Selon lui, plus de 10 000 familles vivant dans les camps de déplacés devraient bénéficier de ces initiatives.
« Une enveloppe de 300 millions de gourdes est déjà disponible pour accompagner les familles », a affirmé le ministre, tout en soulignant que le processus accuse un retard significatif, principalement en raison de l’absence de cartes d’identification nationale chez de nombreux bénéficiaires potentiels.
Le ministre Wilbert a également évoqué la mise en place d’un dispositif d’accueil humanitaire dans les zones frontalières officielles, notamment pour gérer les flux de rapatriés estimés entre 200 et 600 personnes par jour. Il a insisté sur la nécessité d’un retour « dans la dignité, dans le respect des droits humains et de la préservation de l’unité familiale ». L’initiative serait menée en coordination avec plusieurs institutions nationales et partenaires de la société civile.
« Elle témoigne de la volonté de l’État haïtien d’assumer pleinement ses responsabilités envers ses citoyens, qu’ils soient à l’intérieur ou à l’extérieur du territoire », a-t-il affirmé.
Pourtant, sur le terrain, les témoignages sont autrement plus alarmants. Le Groupe d’appui aux rapatriés et réfugiés (GARR) tire la sonnette d’alarme et dénonce une « inaction flagrante » des autorités haïtiennes, notamment à la frontière de Belladère, où plusieurs centaines de rapatriés s’entassent chaque jour dans un centre prévu pour à peine 60 personnes.
« Nous accueillons chaque jour plusieurs centaines de personnes dans un centre prévu pour soixante », alerte Sam Guillaume, responsable communication & plaidoyer du GARR, évoquant un manque cruel de lits, d’eau potable et de personnel médical.
Le communiqué du GARR du mois dernier parle sans détour d’une « catastrophe humanitaire silencieuse ». Il évoque des femmes enceintes accouchant dans des conditions indignes, dans une zone dépourvue de maternité équipée, sans assistance psychosociale ni protection juridique.
Face à cette situation critique, le ministère des Affaires sociales est donc appelé à renforcer urgemment ses actions à la frontière et à mettre en place un véritable cadre de coordination et de supervision des organisations nationales et internationales intervenant auprès des déportés.
Le ministère de l’Intérieur et des Collectivités Territoriales, chargé de la Migration, est toujours aux abonnés absents.
La rédaction