La République Dominicaine et l’Espagne ont officiellement signé ce mercredi 14 Mai 2025, l’Acte de la Xème Réunion de la Commission Mixte Hispano-Dominicaine de Coopération, qui définit le cadre d’association pour le développement durable entre les deux pays pour la période 2025-2029. Ce partenariat met en lumière une coopération étendue, stratégique et centrée sur le renforcement institutionnel, contrastant fortement avec la logique d’intervention déployée en Haïti.
Le nouveau cadre de coopération hispano-dominicain prévoit un investissement de 110 millions d’euros, incluant 70 millions de financements remboursables pour des projets structurants comme la gestion des déchets solides et l’accès à l’eau potable, ainsi que 40 millions d’euros de dons orientés vers des programmes de renforcement de l’État de droit, de protection des droits humains, d’éducation technique inclusive et de résilience climatique.
Le ministre dominicain des Affaires étrangères, Roberto Álvarez, a souligné que cette initiative renforce une coopération « efficace et transformatrice ». De son côté, la secrétaire d’État espagnole à la Coopération internationale, Eva Granados, a rappelé la priorité accordée à la République Dominicaine dans le Plan directeur de la coopération espagnole 2024-2027, saluant la qualité des relations bilatérales.
Parallèlement, en Haïti, bien que la coopération espagnole soit présente depuis plus de 30 ans et que le pays figure parmi ses priorités depuis 19 ans, l’approche est tout autre. Jusqu’en septembre 2024, 59,2 millions d’euros sont mobilisés via plus de 30 projets en cours, principalement centrés sur l’accès aux services sociaux de base et les réponses humanitaires.
Cinq domaines principaux d’intervention en Haïti
- Éducation et formation professionnelle : Programmes comme le PREMOSE et LIFE ont permis de réhabiliter des écoles et d’alphabétiser des jeunes adultes. Des formations techniques et bourses ont aussi été offertes à des centaines d’étudiants haïtiens.
- Eau et assainissement : Projets de réhabilitation d’infrastructures sanitaires, comme l’hôpital Justinien au Cap-Haïtien.
- Sécurité alimentaire : Distribution de repas dans les écoles grâce au partenariat avec le PAM et des ONG espagnoles.
- Coopération universitaire : Des programmes de mobilité permettent à des étudiants haïtiens d’étudier en Espagne.
- Action humanitaire : En réponse aux urgences, notamment le séisme de 2021, l’Espagne a mobilisé plus de 5,2 millions d’euros.
Une comparaison révélatrice d’un manque de vision haïtiens
Si la générosité de la coopération espagnole envers Haïti est évidente, la nature de ses interventions reste majoritairement humanitaire, réactive, et circonscrite à des projets limités dans le temps. En revanche, l’approche en République Dominicaine se distingue par une vision d’ensemble à long terme, fondée sur la consolidation de l’État, la bonne gouvernance et la transformation structurelle.
Cette différence de traitement interroge sur la capacité des dirigeants haïtiens à formuler une vision claire, à concevoir des projets stratégiques et à engager des coopérations basées sur la réciprocité et la durabilité. Plutôt que de subir une aide humanitaire cyclique, Haïti pourrait, avec une gouvernance efficace, attirer une coopération structurelle et transformatrice comme celle déployée à son voisin de l’Est.
La rédaction