Dans ce climat chaotique, un atelier de travail s’est tenu les 17 et 18 mars à Pétion-Ville, réunissant les principaux acteurs de l’enseignement supérieur. Organisé par le Ministère de l’Éducation Nationale et de la Formation Professionnelle (MENFP) en collaboration avec l’UNESCO, cet événement visait à évaluer les progrès réalisés dans le cadre du Plan Décennal d’Éducation et de Formation (PDEF, 2020-2030) et à identifier les défis à relever d’ici 2030.
Au cours de ces deux journées d’échanges constructifs et de réflexions, les participants ont fait le bilan des résultats, relevé les obstacles enregistrés durant les cinq dernières années et esquissé, du même coup, les perspectives et stratégies à adopter pour l’avenir, à travers le PDEF ambitionnant également de faciliter l’accès de la jeunesse haïtienne à l’enseignement supérieur et à la recherche scientifique.
Le professeur Yves ROBLIN, Directeur Général du MENFP, à l’ouverture de cet atelier, a fait la radiographie du sous-secteur de l’enseignement supérieur. Le numéro 2 du Ministère de l’Éducation nationale a attiré l’attention des participants sur un ensemble de problèmes auxquels l’enseignement supérieur est confronté en Haïti. Il s’agit, a-t-il dit, des problèmes de gouvernance liés particulièrement au pilotage, à l’administration et à la gestion.
Le professeur Yves ROBLIN a, par ailleurs, plaidé pour un cadre légal, régulant le sous-secteur de l’enseignement supérieur et la disponibilité d’une base de données fiables et valides, en adéquation avec la vision du MENFP.
Le Directeur de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique (DESRS) a, de son côté, décrit de façon détaillée, le Plan Décennal d’Éducation et de Formation qui, a-t-il souligné, constitue, à travers ses quatre grands axes, un document stratégique d’une portée cruciale pour l’avenir du système éducatif haïtien.
« Après cinq années de mise en œuvre, il est légitime de se demander où nous en sommes dans la réalisation des objectifs fixés par ce Plan ambitieux, notamment la question de l’amélioration de la qualité de l’enseignement supérieur et le renforcement de la gouvernance de ce sous-secteur », a soutenu Jean Judson JOSEPH qui a mis en évidence l’importance de cette réunion qui a permis de faire un bilan rigoureux du sous-secteur de l’enseignement supérieur et de dresser les perspectives d’avenir.
Jean Luc TONDREAU, officier national éducation au Bureau de l’UNESCO à Port-au-Prince, a élaboré, quant à lui, sur l’importance de la Revue Sectorielle Conjointe de l’Éducation (RSCE).
« Tous les pays qui font des progrès dans l’éducation, font des Revues sectorielles conjointes. Voilà pourquoi il était de bon ton pour le MENFP de faire cette première expérience en 2013 et de la poursuivre jusqu’à aujourd’hui », a fait remarquer Jean Luc TONDREAU qui a salué l’implication des participants durant ces deux journées d’échanges.
Si les ambitions de modernisation sont clairement établies, leur mise en œuvre est aujourd’hui menacée par l’insécurité grandissante. Depuis plusieurs semaines voire depuis 2023, des écoles, universités et même des bureaux du MENFP lui-même sont fermés en raison des violences. Les groupes armés contrôlent de larges portions du territoire, empêchant tout fonctionnement normal du système éducatif.
Alors que le pays s’enfonce dans l’instabilité, il est urgent que des décisions concrètes soient prises pour préserver l’éducation en Haïti. La réforme de l’enseignement supérieur ne peut se faire sans un minimum de stabilité et de sécurité. Le silence du ministre Antoine Augustin doit être brisé, et des mesures d’urgence doivent être prises pour sauver l’année académique.
En l’absence de réponses claires, c’est toute une génération qui risque d’être sacrifiée, fragilisant encore davantage l’avenir du pays.
La rédaction