La crise politique au Venezuela continue de polariser la région, révélant des divergences significatives entre les gouvernements des Amériques. D’un côté, l’Alliance pour le Développement en Démocratie (ADD), composée du Costa Rica, de l’Équateur, du Panama et de la République dominicaine, a fermement condamné ce qu’elle considère comme un acte illégitime de prise de pouvoir par Nicolás Maduro. De l’autre, Haïti, via un envoyé spécial, a assisté à l’investiture de Maduro pour un troisième mandat, marquant ainsi une position notablement différente.
La condamnation de l’ADD
Dans un communiqué publié par le ministère dominicain des Relations extérieures (MIREX), les membres de l’ADD ont dénoncé le maintien au pouvoir de Nicolás Maduro, qu’ils attribuent à une fraude électorale flagrante. Ce rejet s’appuie sur des preuves issues des élections du 28 juillet 2024, où Edmundo González Urrutia aurait remporté une victoire écrasante, comme l’ont certifié des procès-verbaux authentifiés par le Centre Carter.
L’ADD a souligné que cette situation constitue une violation grave de plusieurs instruments juridiques internationaux, tels que la Charte démocratique interaméricaine et la Déclaration universelle des droits de l’homme. Elle appelle à une transition démocratique au Venezuela, condamnant les abus systématiques des droits de l’homme par le régime Maduro.
Haïti : Une approche pragmatique
Contrairement à l’ADD, Haïti a adopté une position plus nuancée. L’ambassadeur Lesly David, représentant spécial d’Haïti, a assisté à l’investiture de Nicolás Maduro le 10 janvier 2025. Cette décision a été justifiée par Leslie Voltaire, président du Conseil Présidentiel de Transition (CPT), qui a rappelé que Haïti n’a jamais rompu ses relations diplomatiques avec le Venezuela.
Cette présence marque un contraste frappant, alors que plusieurs pays prennent leurs distances avec le régime de Maduro. Certains observateurs interprètent cette démarche comme une volonté de préserver les relations bilatérales, notamment en raison de l’histoire de coopération entre les deux pays dans des programmes tels que Petrocaribe, malgré les défis politiques actuels.
Un contexte international tendu
La décision d’Haïti intervient alors que les États-Unis, principaux adversaires du régime Maduro, ont annoncé une récompense de 25 millions de dollars pour toute information menant à l’arrestation du président vénézuélien. Cette annonce, faite le même jour que l’investiture, reflète l’intensité des tensions internationales autour de cette crise.
En soutenant indirectement le régime de Caracas, Haïti se place à contre-courant des pays membres de l’ADD et des États-Unis. Pour certains, cette position peut être perçue comme une tentative de préserver des relations pragmatiques, tandis que d’autres y voient une mise en péril de sa crédibilité internationale.
Le Venezuela reste un test crucial pour l’unité et la cohérence des politiques étrangères en Amérique latine et dans les Caraïbes.
La rédaction