Un juge argentin, Ariel Lijo, a émis un mandat d’arrêt international à l’encontre du président nicaraguayen Daniel Ortega, de son épouse et vice-présidente Rosario Murillo, ainsi que de plusieurs membres de leur administration. Les accusations portent sur des “violations systématiques des droits humains” et des crimes contre l’humanité. Cette décision marque un nouveau tournant dans la lutte mondiale contre les régimes autoritaires en Amérique latine.
L’affaire repose sur le principe de compétence universelle, un mécanisme juridique permettant à un État de poursuivre des crimes graves comme les crimes contre l’humanité, peu importe le lieu où ils ont été commis ou la nationalité des accusés. Ce principe a déjà été invoqué dans d’autres affaires internationales, notamment contre le président vénézuélien Nicolas Maduro et l’ancien dictateur chilien Augusto Pinochet.
Dario Richarte, l’avocat argentin à l’origine de la plainte déposée en août 2022, affirme que le régime Ortega-Murillo est responsable d’un “plan criminel de répression”. Les accusations incluent des actes tels que des assassinats, des détentions arbitraires, des disparitions forcées, des tortures, ainsi que des persécutions de communautés entières.
La plainte souligne une intensification des violations des droits humains au Nicaragua ces dernières années. Amnesty International a récemment décrit le régime Ortega comme un système répressif où “personne n’est à l’abri”. Depuis son retour au pouvoir en 2007, Daniel Ortega a consolidé son contrôle sur le pays, modifiant à plusieurs reprises la Constitution pour prolonger son mandat indéfiniment.
Les critiques internationales s’intensifient, notamment de la part des États-Unis, de l’Union européenne et de nombreux pays latino-américains, qui accusent Ortega d’avoir transformé le Nicaragua en une autocratie. En novembre dernier, une réforme constitutionnelle controversée a officiellement institué Rosario Murillo comme “coprésidente”, consolidant davantage le contrôle familial sur le pouvoir.
Ortega accède au pouvoir en 1979 en tant que président de la Junte de Gouvernement de Reconstruction Nationale, après la chute de la dictature de Somoza. Inspiré par le sandinisme, un mouvement révolutionnaire mêlant socialisme, nationalisme et anti-impérialisme, il devient président de la République en 1985.
Après plusieurs tentatives infructueuses en 1996 et 2001, Daniel Ortega revient à la présidence en 2007. Son discours se veut cette fois conciliant, prônant le “christianisme, le socialisme et la solidarité”. Toutefois, son mandat prend rapidement un tournant controversé. Il est réélu en 2011, 2016 et 2021, des scrutins entachés d’accusations de fraude, de répression politique et de suppression des candidatures de l’opposition.
Ortega réforme la Constitution pour abolir les limites sur le nombre de mandats présidentiels, consolidant ainsi son pouvoir.