L’ancien Premier ministre Jean Henry Céant a lancé un appel politique fort en faveur d’un sursaut collectif. Intitulé « S’unir ou périr ! », son message exhorte les élites haïtiennes à dépasser leurs rivalités pour éviter l’effondrement national.
Dans un contexte de fragmentation politique aiguë et de désintégration sécuritaire, Céant dresse un constat implacable : Haïti est prisonnière de décennies de divisions internes, où les luttes pour le pouvoir ont relégué l’intérêt national au second plan. Cette spirale d’affrontements, selon lui, a affaibli la gouvernance et ouvert la voie à une ingérence étrangère toujours plus intrusive.
« Trop souvent, les grandes décisions sur Haïti sont prises ailleurs, dans des chancelleries étrangères où la voix du peuple haïtien ne pèse rien », dénonce-t-il.
Accord du 3 avril : un échec tacite
L’ancien chef du gouvernement ne ménage pas le Conseil présidentiel de transition ni les forces politiques actuellement en présence. Il estime que l’accord du 3 avril – qui devait poser les bases d’une gouvernance transitoire inclusive – « a montré ses limites » et est désormais tacitement caduc.
Face à ce constat d’impasse, Me Céant propose la mise en place urgente d’un nouvel accord politique, visionnaire et structurant, sous la forme d’un Pacte de gouvernabilité national. Ce pacte devrait, selon lui, rompre avec les pratiques anciennes fondées sur les arrangements d’intérêt personnel, pour instaurer une gouvernance orientée vers l’intérêt général.
Appel à l’unité patriotique et à la responsabilité historique
Jean Henry Céant interpelle l’ensemble des secteurs organisés : partis politiques, société civile, diaspora, intellectuels, syndicats, religieux. Il les appelle à former un front commun pour le redressement national, en insistant sur l’urgence de créer un mécanisme de dialogue inclusif, capable de rassembler les divergences autour d’un projet collectif.
« L’unité n’exige pas l’uniformité, mais un engagement sincère à faire cause commune », affirme-t-il.
S’il reconnaît que la barque tangue, Céant refuse de céder au fatalisme : « Il est tard, mais il n’est pas trop tard », lance-t-il, en appelant à un retour aux fondamentaux de la devise nationale : Liberté, Égalité, Fraternité, et surtout « L’union fait la force ».
Souveraineté et survie nationale
Au cœur de son plaidoyer : la récupération pleine et entière de la souveraineté nationale, trop longtemps compromise par la passivité des dirigeants et les divisions internes. Il évoque avec gravité une responsabilité générationnelle : celle de ne plus laisser Haïti s’enfoncer dans l’instabilité chronique et l’humiliation diplomatique.
« La souveraineté nationale ne peut être un mot creux. C’est un legs sacré. Désormais, nous n’avons plus le luxe de l’indifférence. »
Un 18 mai sous le signe de la mobilisation
En choisissant la date du 18 mai, emblématique de l’unité haïtienne à travers son drapeau, Jean Henry Céant ne fait pas que célébrer l’histoire. Il pose un acte politique, visant à provoquer une prise de conscience nationale. À travers cet appel, il cherche à rassembler toutes les composantes de la société autour d’un véritable sursaut républicain.
La rédaction