Le commissaire du gouvernement près le Tribunal de Première Instance de Port-au-Prince, Me Frantz Monclair, a annoncé ce mardi que les comptes bancaires des personnalités haïtiennes sanctionnées par les Nations Unies ont été gelés et que l’action publique sera bientôt mise en mouvement contre elles ainsi que leurs complices.
Lors d’une conférence de presse tenue ce mardi, le chef a.i. du Parquet de la capitale a rappelé qu’en tant que membre fondateur de l’Organisation des Nations Unies (ONU), Haïti est tenue d’appliquer les résolutions internationales, notamment celles visant des personnalités haïtiennes accusées de financement du terrorisme et de blanchiment d’argent. En conséquence, les comptes en Banque et les avoirs de ces personnes ont été automatiquement gelés par les banques selon la résolution 2653 du Conseil de sécurité des Nations Unies. Par exemple, le compte en banque de Jimmy Cherizier « Barbecue », s’il en avait, a été gelé depuis octobre 2022.
Le Commissaire du gouvernement a informé avoir envoyé des correspondances aux institutions haïtiennes de lutte contre la corruption et les crimes financiers, à savoir l’ULCC et l’UCREF, en vue de l’ouverture d’une enquête financière sur les personnes visées par les sanctions onusiennes et leurs présumés complices.
Parmi les sept personnes figurant sur la liste établie par l’ONU, on retrouve un ancien député, Victor Prophane, actuellement écroué pour son rôle présumé dans la formation, le soutien et l’armement de gangs, ainsi que six chefs de gangs :
Johnson “Izo” André du gang « 5 Second » de Village-de-Dieu, Jimmy “Barbecue” Chérizier, basé à Delmas 6 et leader de la coalition « Viv Ansanm », Vitelhomme Innocent du gang « Kraze Baryè », Renel “Ti Lapli” Destina de Gran Ravin, Luckson Élan du gang Gran Grif, Wilson Joseph alias “Lanmò 100 jou”, chef des 400 Mawozo.
Le commissaire Monclair a précisé que l’action publique sera mise en mouvement contre ces individus — que la police peine toujours à capturer, à l’exception de l’ancien parlementaire — ainsi que contre leurs complices, notamment ceux impliqués dans les trafics de drogue, d’armes et de munitions.
Il convient de rappeler qu’il y a quelques années, Jean Rebel Dorcénat, alors membre de la Commission nationale de désarmement, démantèlement et réinsertion (CNDDR, aujourd’hui dissoute par le CPT de Fritz Alphonse Jean), avait évoqué l’existence d’une liste de 11 familles impliquées dans le trafic d’armes en Haïti. Une liste qui n’a jamais été soumise officiellement.
De nombreux observateurs estiment que l’absence d’arrestations jusqu’à présent témoigne d’une complaisance, voire d’une complicité de certaines autorités.
Depuis la publication des sanctions onusiennes, les banques commerciales haïtiennes avaient déjà, conformément aux normes internationales, pris des dispositions pour geler automatiquement les comptes concernés.
La conférence de presse tenue ce mardi par le commissaire du gouvernement Me Frantz Monclair ne fait donc que confirmer une réalité déjà en cours. Toutefois, elle marque une montée en puissance médiatique, donnant une portée politique à l’application des sanctions et brouillant certaines lignes.
La rédaction