Longtemps symbole de douceur et d’innocence, la poudre pour bébé Johnson & Johnson, lancée en 1894, est aujourd’hui au cœur d’une controverse mondiale. Accusée d’avoir contenu de l’amiante, un agent cancérigène, elle fait l’objet de multiples poursuites aux États-Unis. Des études ont en effet lié l’usage régulier du talc dans la zone génitale féminine à une augmentation du risque de cancer des ovaires.
La toxicologue Élyse Caron-Beaudoin, interrogée par Radio-Canada, précise que les particules de talc peuvent provoquer une inflammation cellulaire dans les ovaires, et que leur remontée par l’appareil reproducteur est possible. Elle déconseille donc toute utilisation prolongée dans cette région. À cela s’ajoute la présence possible de phtalates et de perturbateurs endocriniens, qui altèrent le système hormonal.
Si la corruption dans l’industrie de la santé était une ville, Johnson & Johnson en serait l’un des gratte-ciels les plus imposants. Dans son ouvrage No More Tears: The Dark Secrets of Johnson & Johnson, le journaliste Gardiner Harris lève le voile sur les pratiques controversées d’un géant américain longtemps perçu comme un pilier de confiance parentale.
Pourtant, en Haïti comme dans plusieurs pays, cette poudre est encore largement commercialisée et recommandée parmi les produits pour nourrissons. Ce décalage interpelle : comment garantir la sécurité des consommateurs là où les alertes sanitaires tardent à franchir les frontières ?
En 2023, Johnson & Johnson a annoncé la fin de la vente mondiale de sa poudre pour bébés à base de talc, remplacée par une formule à base d’amidon de maïs, déjà disponible dans plusieurs pays. Cette décision, présentée comme un choix commercial et d’innovation durable, appelle les consommateurs à vérifier attentivement la composition des produits. Mais en Haïti, où cette poudre reste largement utilisée, on peut s’interroger : les femmes sont-elles suffisamment informées de cette transition et prennent-elles le temps de lire les étiquettes avant l’achat ?
La rédaction