La situation des passagers haïtiens retenus en République dominicaine constitue un premier test de gestion pour le nouveau Premier ministre Alix Didier Fils-Aimé installé ce 11 novembre 2024 en remplacement de Garry Conille.
Selon les lois migratoires, un étranger non résident ne peut rentrer sur le sol d’un pays sans la preuve d’un billet de retour prouvant que cette personne va quitter le territoire. Or, la ligne aérienne Air Caraïbes s’est trouvée dans l’impossilibité de continuer son vol sur Haïti suite à l’attaque des bandits dont des projectiles ont atteint l’avion de Spirit en plein vol.
Cet incident, impliquant des passagers de plusieurs lignes aériennes dont ceux du vol de Air Caraïbes détourné en raison de l’insécurité en Haïti, a conduit les passagers haïtiens à une situation migratoire très complexe ajoutée aux mauvaises relations entre les deux pays. Des relations bilatérales envenimées sous l’ex-PM Conille et Dominique Dupuy, ministre des Affaires étrangères du gouvernement démisionnaire. Ce lundi 11 novembre, le Président dominicain Luis Abinader a déclaré dans sa rencontre avec la presse dominicaine “La Semanal”, qu’il comptait poursuivre la déportation de 10.000 haïtiens par semaine.
Deux options se présentent en effet :
1. La ligne pourrait les reconduire au pays d’embarquement (avec toutes les tracasseries et de nouveaux problèmes d’immigration) ;
2. La déportation par les autorités migratoires dominicaines ;
Seule la diplomatie peut ici apporter une solution.
Suggestions
L’ambassade d’Haïti pourrait :
- Solliciter un entretien direct avec la chancelerie dominicaine pour aider les autorités de l’immigration à assurer un traitement humanitaire et rapide des passagers haïtiens, y compris la possibilité d’un retour sécurisé en Haïti ou d’un transfert vers une autre destination.
2. Offrir un service consulaire et un soutien immédiat aux passagers en détresse, en fournissant des ressources essentielles comme des informations sur leurs droits, des aides alimentaires, des hébergements temporaires, et de l’assistance juridique si nécessaire, en regard à la convention de Vienne et celle liée au droit de la personne.
Seule la Diplomatie et un leadership conséquent de l’ambassade d’Haïti en République Dominicaine, pourraient solutionner ce calvaire dans lequel se trouvent les passagers haitiens ayant embarqué à bord d’Air Caraïbes ce 11 novembre.
La chargée d’affaires Christine Lamothe, fille de l’ambassadeur Guy Lamothe, a-t’elle déjà contacté le chancelier Dominicain Roberto Alvarèz ?
L’ambassade d’Haïti a-t-elle envoyé au moins une délégation aux aéroports d’accueil pour rassurer les passagers ?
Les relations diplomatiques entre Haïti et la République Dominicaine sont malheureusement au plus bas niveau.
Le PM Fils-Aimé fraîchement investi dans ses fonctions a-t-il déjà sollicité le rapport de cette situation à la ministre en fonction Dominique Dupuy, quoiqu’étant absente à son investiture ?
Ou du moins, va-t-il user de ses relations et de celles des personnalités haitiennes vivant en République Dominicaine pour permettre à ces passagers haïtiens de sortir dignement de cette situation malencontreuse.
Un défi de taille pour Didier Fils-Aimé
Ce premier test d’aptitude et de leadership pourrait permettre au Premier ministre Didier Fils-Aimé de démontrer son engagement à renforcer la protection des Haïtiens à l’étranger et d’envoyer un signal clair établissant des solutions pratiques et diplomatiques pour résoudre les situations migratoires complexes et urgentes avec la République Dominicaine.
Il se révèle, une fois de plus, la nécessité d’une diplomatie dynamique adéquate entre Haïti et la République dominicaine condamnés à s’entendre étant les deux ailes d’un seul oiseau.
La rédaction