Le protecteur du citoyen, Me Jean Wilner Morin, a récemment visité des établissements servant de centres carcéraux de la zone métropolitaine de Port-au-Prince pour s’enquérir de leurs conditions de fonctionnement. Le moins qu’on puisse dire, c’est que la situation est très alarmante. C’est le cas notamment au Centre de Rééducation des Mineurs en Conflit avec la Loi (CERMICOL), aux Commissariats de Pétion-Ville et de Delmas 33, au Sous-Commissariat de Canapé-Vert ainsi qu’à la Direction Centrale de la Police Judiciaire (DCPJ).
Cette série de visites dans les gardes-à-vue des commissariats et sous-commissariats de la zone métropolitaine de Port-au-Prince ont été initiées au lendemain de l’installation du protecteur du citoyen, Me Jean Wilner Morin, accompagné du protecteur adjoint Me Amoce Auguste, de son directeur de cabinet (promu directeur général) Me Jude Jean-Pierre et d’autre cadres de l’institution.
Dans ces centres de détention, la délégation a constaté un surpeuplement chronique, des conditions d’hygiène déplorables, un manque criant de soins médicaux et une absence quasi totale d’activités éducatives et récréatives.
Le cas du CERMICOL, conçu pour accueillir une quarantaine de mineurs, témoigne de la gravité de la situation avec des mineurs détenus en compagnie d’adultes, souvent condamnés, dans un espace exigu.
L’OPC rappelle que cela constitue une violation flagrante des droits de l’enfant et expose les jeunes détenus à des risques de violence et de radicalisation.
Pour ce qui est des commissariats, transformés en prison, les détenus sont placés dans des cellules surpeuplées. Ils n’ont accès ni à l’eau potable ni à des sanitaires fonctionnels en plus du fait que les délais de présentation n’aient pas été respectés.
Pour l’OPC cette situation est le résultat d’un ensemble de facteurs complexes ayant, entre autres, rapport à la crise humanitaire et politique, au sous-financement chronique du système pénitentiaire, à la lenteur de la justice et à l’engorgement des tribunaux.
Ces conditions critiques de détention portent atteinte à la dignité humaine des détenus et à leur intégrité physique et psychologique. Elles favorisent également la propagation des maladies infectieuses et mettent en danger la santé des détenus.
L’OPC dénonce le non-respect des délais de présentation des détenus devant un juge et l’absence de garanties procédurales et cela, soutient l’institution étatique mais indépendante de promotion des droits humains, constituent des violations graves du droit à un procès équitable.
Voilà pourquoi, l’OPC invite les autorités à prendre des mesures visant à réduire la surpopulation carcérale en accélérant les procédures judiciaires et en développant des alternatives à l’incarcération.
L’OPC plaide aussi en faveur de l’amélioration des conditions de détention en investissant dans la rénovation des établissements pénitentiaires, en renforçant les mesures d’hygiène et en garantissant l’accès aux soins médicaux.
L’institution dirigée par le magistrat Jean Wilner Morin demande aussi le renforcement de la séparation des mineurs des adultes et de mettre en place des programmes de rééducation adaptés aux besoins spécifiques des jeunes détenus.
Il faut aussi, soutient l’OPC, former le personnel pénitentiaire aux droits de l’homme et aux techniques de gestion de conflit et mettre en place un système de contrôle indépendant pour surveiller les conditions de détention et garantir le respect des droits des détenus.
La Rédaction