Au cours du premier trimestre de l’année 2024, la situation générale des droits humains en Haïti est restée très préoccupante déclare l’organisation de droits humains Réseau National de Défense des Droits Humains (RNDDH).
Au cours de la période allant de janvier à mars 2024, Le RNDDH a souligné qu’au moins :
- Treize (13) agents de la Police Nationale d’Haïti (PNH) sont tués ;
- Cinq (5) attaques armées sont enregistrées, occasionnant l’assassinat d’au moins soixante-sept (67) personnes ;
- Deux cent huit (208) personnes sont assassinées. Les cadavres de cinquante-cinq (55) parmi ces victimes sont découverts par les riverains ;
- Soixante-quatre (64) victimes de viols rapporté par l’organisation féministe Nègès Mawon et le RNDDH ;
- Cent cinquante huit (158) personnes sont blessées par balles ;
- quatre-vingt-trois (83) espaces dont des institutions et entreprises privées et publiques, trois (3) hôpitaux, deux (2) tribunaux de paix et dix-neuf (19) postes de police sont attaqués, pillés et/ou incendiés par les bandits armés ;
- quarante-huit (48) cas d’enlèvement suivis de séquestration contre rançon ont défrayé la chronique.
Des actes attentatoires aux vies et aux biens ainsi que des actes de violence ont été perpétrés à l’encontre de la population civile livrée par les autorités étatiques, aux bandits armés. De plus, le département de l’Ouest a basculé dans le chaos à la fin du mois de février 2024 et peine encore à se relever.
Le RNDDH dans son rapport intitulé “Situation catastrophique des Droits Humains de janvier à mars 2024 : Le RNDDH tire la sonnette d’alarme” dresse un état lamentable de la situation du pays. Il fait, entre autres, remarquer que :
Le 21 décembre 2022, le premier ministre Ariel HENRY ayant fait avec ses acolytes, le constat de la non-application de l’accord de septembre 2021, signe un autre accord, lui procurant plus de pouvoirs et créant un Haut Conseil de Transition (HCT) composé de trois (3) membres.
Il fait alors la promesse de s’attaquer aux défis majeurs auxquels est confronté le pays dont l’insécurité et la détérioration des conditions sociales et humanitaires. Il s’engage aussi à entamer de grandes réformes comme la réforme constitutionnelle, la réforme économique et enfin, il offre la garantie d’organiser en 2023, des élections libres et équitables en vue de remettre les rennes du pays à un président élu, le 7 février 2024.
Tout au cours de l’année 2023, il est cependant reproché à Ariel HENRY et à son gouvernement de ne rien faire en vue de ramener l’ordre et la sécurité dans le pays. Les bandits armés continuent d’étendre leurs tentacules. Ils contrôlent plus de territoires et acculent le peuple haïtien.
Par ailleurs, toujours au cours de l’année 2023, les pourparlers entre les partis politiques et la société civile pour trouver une issue haïtienne à la crise n’aboutissent pas, le premier ministre Ariel HENRY, s’appuyant sur le support jusque-là indéfectible de la communauté internationale, voulant à tout prix diriger le pays comme il l’entend.
C’est donc sans surprise que les élections n’aient pas été réalisées.
Dès le début de l’année 2024, la population haïtienne remet en question la volonté réelle du premier ministre d’organiser les élections puisqu’il affirme lui-même, que la situation sécuritaire du pays n’y est pas propice.
Le 23 février 2024, sans que personne ne s’y attende, le public apprend par le biais des autorités Vénézuéliennes que le gouvernement d’Ariel HENRY vient de payer cinq-cent-millions (500,000,000) dollars américains au Venezuela en paiement de la dette PetroCaribe. Alors que cette information fait des vagues, le 25 février 2024, le premier ministre part pour Guyana, en vue de participer à la 46ème réunion ordinaire des chefs d’Etat et de Gouvernement de la CARICOM. Suite à cette réunion, le premier ministre des Bahamas Philip DAVIS déclare qu’Ariel HENRY s’engage à réaliser des élections générales au plus tard le 31 août 2025, une déclaration considérée comme une provocation dans le milieu politique haïtien.
En date du 29 février 2024, Ariel HENRY se rend au Kenya en vue de négocier la Mission Multinationale d’Appui à la Sécurité (MMAS) pour le déploiement duquel le président Kenian William RUTO attend le versement de deux-cent-trente-millions (230,000,000) dollars américains.
Le 1er mars 2024, un accord bilatéral est signé entre le Kenya et Haïti. Le premier ministre satisfait entreprend son voyage de retour. Cependant, il n’entrera pas au pays, les bandits armés ayant décidé, depuis le 29 février 2024, de semer le chaos à Port-au-Prince et dans les communes avoisinantes. En effet, du 29 février au 3 mars 2024, les deux (2) coalitions de gangs armés G-9 An Fanmi e Alye et G-Pèp, jusque-là rivales, regroupées autour d’une fédération dénommée Viv Ansanm, décident de faire une démonstration de leur puissance. Ils sèment la terreur à Port-au-Prince et dans les communes avoisinantes et exigent le départ du gouvernement dirigé par Ariel HENRY. Le voyage du premier ministre est donc transformé en exil.
Les discussions sont alors entamées pour la mise en place d’un Conseil Présidentiel de Transition (CPT). La CARICOM dirige les pourparlers et, à l’issue d’une journée de négociations tenue en format hybride tant en Jamaïque qu’en ligne, le 11 mars 2024, des acteurs.trices politiques et de la société civile haïtienne s’entendent pour doter le pays d’un Conseil de neuf (9) membres, dont sept (7) avec le statut votant et deux (2) observateurs. Suite à cette réunion, dans un message préenregistré, Ariel HENRY s’engage à passer les rennes du pays au CPT et reste en poste en vue de liquider les affaires courantes.
Le 28 mars 2024, le Conseil est monté. Il est ainsi composé : • Régine ABRAHAM • Smith AUGUSTIN • Edgard Leblanc FILS • Louis Gérald GILLES • Fritz Alphonse JEAN • Frinel JOSEPH • Laurent SAINT-CYR • Emmanuel VERTILAIRE • Leslie VOLTAIRE.
Parallèlement, la population haïtienne prise en otage par les bandits armés, souffre énormément. En plus de l’insécurité à laquelle elle fait face, elle endure une situation économique et humanitaire qui se détériore chaque jour. Le transport en commun devient excessivement cher en raison des postes de péage mis en place par les bandits armés. Les denrées alimentaires ne circulent pas. Les écoles ne fonctionnent pas dans les endroits du pays sous contrôle des bandits armés. La terreur est aussi maintenue par des messages menaçants et plus effrayants les uns que les autres, invitant la population à rester chez elle pour ne pas être prise pour cible par les bandits armés.
Tel est le contexte de cafouillage sociopolitique et de négation des Droits Humains dans lequel le premier trimestre 2024 s’est déroulé en Haïti, décrit par le RNDDH.
(Ceci est un extrait du rapport, lire le contenu intégral sur le site de RNDDH)