Joe Biden et Williams Ruto se sont rencontrés à la Maison Blanche jeudi dernier. Le premier événement de ce type pour un dirigeant africain depuis plus de 15 ans.
Au-delà de l’apparat, il existe une série de questions sérieuses qui lient les deux pays à un moment crucial, notamment la campagne américaine de lutte contre le terrorisme en Afrique, qui dépend de l’aide de Nairobi, et les investissements américains potentiels qui pourraient aider le Kenya à sortir d’une montagne de dettes, dont une grande partie est due à la Chine.
Selon les analystes, Haïti a été l’un des points les plus importants de l’ordre du jour. La décision de M. Ruto d’envoyer du personnel kenyan en Haïti a placé son pays au centre d’une crise majeure de politique étrangère à l’ombre des côtes américaines. Les spécialistes affirment qu’il s’agit d’un type de mission que l’Amérique aurait pu gérer elle-même dans le passé.
“Le président Ruto s’est attelé à une tâche très importante en aidant à stabiliser Haïti, ce qui devrait normalement être fait par une mission [des Nations unies] ou une coalition dirigée par les États-Unis. C’est une mission courageuse et audacieuse”, a déclaré Keith Mines, premier vice-président du programme Amérique latine de l’Institut de la paix des États-Unis (United States Institute of Peace).
“Mais la tâche sera ardue”, a-t-il déclaré au Washington Times.
Le plan s’est heurté à une forte résistance au Kenya, notamment à des recours en justice visant à bloquer le déploiement en Haïti, le pays le plus pauvre de l’hémisphère occidental.
M. Ruto est resté ferme dans son désir de voir des unités kenyanes diriger la force multinationale. Une mission réussie, même à la marge, pourrait grandement améliorer la position géopolitique de M. Ruto et de son pays. Les États-Unis et le Kenya ne sont toujours pas d’accord sur les détails de la mission, notamment sur l’ampleur du soutien financier et logistique que les États-Unis apporteront.
L’administration a présenté cette visite d’État comme un moment diplomatique clé entre les deux pays, qui célèbrent leur 60e année de relations officielles. L’ordre du jour comprennait également le commerce et l’investissement, l’innovation technologique, le changement climatique, l’énergie propre, la santé et la sécurité.
“Il s’agit d’un partenariat profond et étendu”, a déclaré Jon Finer, principal conseiller adjoint à la sécurité nationale de la Maison-Blanche.
La visite de M. Ruto a offert à M. Biden l’occasion de dire qu’il tient sa promesse de consacrer plus de temps et d’attention à l’Afrique que les présidents précédents. M. Biden a accueilli près de 50 dirigeants lors du sommet américano-africain de décembre 2022.
D’une certaine manière, les États-Unis sont sur la défensive en Afrique. Le Pentagone s’empresse de retirer tout le personnel américain du Niger, qui abritait une base de drones américaine essentielle à partir de laquelle des missions antiterroristes étaient lancées dans le Sahel et dans d’autres régions du continent. De nombreux analystes de la lutte contre le terrorisme affirment que le Sahel est devenu le nouvel épicentre mondial de l’extrémisme islamique. Des affiliés de l’État islamique et d’Al-Qaïda, ainsi que d’autres groupes terroristes, y sont actifs.
Le retrait du Niger rendra le partenariat des États-Unis avec le Kenya encore plus vital. Les États-Unis disposent de personnel et de moyens aériens sur la base militaire de Manda Bay, au Kenya. Le site joue un rôle essentiel dans les efforts déployés par les États-Unis pour lutter contre le réseau terroriste Al-Shabab dans la Somalie voisine. M. Biden cherchera à approfondir le partenariat antiterroriste entre les États-Unis et le Kenya lors de ses rencontres avec M. Ruto.
Pour M. Ruto, Cette visite a été l’occasion de faire pression pour que les investissements financiers américains au Kenya soient plus importants. Cette décision pourrait intéresser M. Biden, qui cherche à atténuer l’empreinte croissante de la Chine et de la Russie sur le continent.
M. Ruto a, en particulier, demandé de l’aide pour échapper à une dette chinoise massive. L’année dernière, les quelque 6,3 milliards de dollars de prêts chinois au Kenya représentaient près des deux tiers de la dette extérieure totale de Nairobi, selon les informations compilées par le groupe de réflexion britannique Chatham House. Une grande partie de la dette découle d’un important projet ferroviaire au Kenya et d’autres projets financés par la Chine.
Avec Washington Times et autres sources