Le Premier ministre canadien Justin Trudeau a officiellement annoncé, ce lundi 6 janvier 2025, qu’il quittera son poste de chef du gouvernement et du Parti libéral dès qu’un successeur sera désigné. Après une décennie au pouvoir marquée par des succès initiaux mais aussi de multiples scandales, son départ symbolise la fin d’une ère troublée pour le Canada.
“Je suis un combattant, mais…”
Dans une déclaration émouvante, Justin Trudeau a assuré qu’il souhaitait continuer à se battre pour les Canadiens. Toutefois, il a admis que la crise politique actuelle l’empêchait de gouverner efficacement. “Je démissionnerai dès que mon parti aura désigné un nouveau leader”, a-t-il affirmé, reconnaissant qu’il était devenu un obstacle à la stabilité politique du pays.
Les raisons d’une chute annoncée
1. Crise économique et sociale
Sous la gouvernance Trudeau, le Canada a traversé des périodes d’inflation élevée, une crise du logement, et une dégradation des services publics. La dette nationale a doublé en dix ans, et les critiques sur sa gestion budgétaire se sont intensifiées, notamment après des décaissements massifs pour l’Ukraine (plus de 8 milliards de dollars canadiens en aide militaire et humanitaire) et pour Haïti, où le Canada a investi près de 600 millions de dollars pour des missions humanitaires et de sécurité. Ces dépenses ont été perçues comme excessives dans un contexte de tensions économiques internes.
2. Immigration et recul des engagements phares
L’un des engagements majeurs de Trudeau, l’accueil de 500 000 immigrants par an, a été revu à la baisse en octobre dernier pour répondre à une opinion publique de plus en plus hostile. Ce recul a terni son image de progressiste, tout en accentuant la perception qu’il avait perdu le contrôle des politiques nationales.
3. Opacité et scandales internationaux
Trudeau a été critiqué pour l’opacité entourant les sanctions internationales imposées par son gouvernement, notamment à l’encontre de la Russie, de l’Inde et d’Haïti. Les groupes de défense des droits de l’homme l’ont accusé de violer la Déclaration universelle des droits de l’homme en refusant de fournir des preuves claires sur les personnes sanctionnées.
Par ailleurs, des allégations d’ingérence chinoise dans les élections canadiennes ont terni sa réputation. Bien que Trudeau ait nié tout lien direct avec ces accusations, elles ont alimenté une méfiance grandissante envers son leadership.
4. Division interne et départs clés
La démission surprise de la vice-première ministre et ministre des Finances, Chrystia Freeland, a également fragilisé Trudeau. En désaccord avec lui sur la gestion d’une guerre commerciale imminente avec les États-Unis, elle avait plaidé pour une politique budgétaire stricte, tandis que Trudeau multipliait les dépenses fiscales pour séduire l’électorat.
Menaces extérieures : Donald Trump et la guerre commerciale
L’élection de Donald Trump aux États-Unis a exacerbé les tensions. Trump a promis d’imposer des tarifs douaniers de 25 % sur les importations canadiennes, menaçant ainsi l’économie nationale. Trudeau, qui avait rencontré Trump en novembre à Mar-a-Lago, n’a pas réussi à apaiser ces tensions, subissant même des attaques humiliantes sur les réseaux sociaux, où Trump l’a qualifié à plusieurs reprises de “gouverneur du Canada”.
Un rival conservateur en pleine ascension
Face à un Justin Trudeau affaibli, le chef du Parti conservateur, Pierre Poilièvre, surnommé le “Trump canadien”, s’impose comme le favori des prochaines élections avec 45 % des intentions de vote, contre seulement 25 % pour le Parti libéral. Poilièvre a capitalisé sur la colère des Canadiens face à la hausse du coût de la vie, la criminalité et les crises multiples.
Un héritage controversé
Malgré des débuts prometteurs marqués par une image progressiste et des réformes sociales, Justin Trudeau quitte le pouvoir sur un bilan mitigé, marqué par des scandales, des divisions internes et des crises économiques. Son départ symbolise une remise en question profonde du Parti libéral et laisse le Canada dans une situation politique incertaine à quelques mois des élections générales prévues en octobre.
La Rédaction