Une croissance fulgurante, mais inégalement répartie
Dans son rapport intitulé Technologie et innovation : une IA inclusive pour le développement, la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED) a mis en lumière les profondes disparités qui accompagnent la montée en puissance de l’IA. Si en 2023, l’IA ne représentait que 7 % du marché mondial des technologies de pointe, cette part devrait atteindre 29 % en 2033, générant quelque 4,8 milliards de dollars de revenus — soit une augmentation multipliée par 25 en seulement dix ans.
Les États-Unis et la Chine, en tête de course, concentrent ensemble 60 % des brevets dans le domaine, confirmant leur domination technologique et scientifique.
Des technologies prometteuses mais un risque d’exclusion
Pour Rebeca Grynspan, Secrétaire générale de la CNUCED, cette évolution appelle une prise de conscience urgente : « Il faut trouver un équilibre qui puisse mener à une plus grande inclusion des pays en développement dans le domaine de l’intelligence artificielle. »
L’IA est déjà utilisée pour créer des réseaux agricoles plus performants, des systèmes énergétiques intelligents, et elle peut même contribuer à un urbanisme plus inclusif. Mais ces bénéfices risquent de rester limités à quelques régions du globe si les inégalités technologiques se creusent.
Guterres alerte sur les risques géopolitiques
Lors du Sommet pour l’action sur l’intelligence artificielle en février dernier , organisé à Paris par la France et l’Inde, le Secrétaire général de l’ONU António Guterres a lancé un avertissement sévère :
« Le pouvoir de l’intelligence artificielle implique d’immenses responsabilités, mais il est actuellement concentré entre les mains de quelques personnes. »
Parmi les principales inquiétudes :
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L’IA pourrait affecter jusqu’à 40 % des emplois dans le monde ;
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Elle pourrait renforcer les divisions géopolitiques si elle reste entre les mains d’acteurs isolés ;
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Elle comporte un impact environnemental non négligeable, souvent ignoré dans les débats.
Une gouvernance mondiale en retard
Le rapport souligne que les politiques publiques évoluent bien plus lentement que les technologies elles-mêmes, ce qui augmente les risques de fractures sociales, économiques et environnementales.
La rédaction