Washington – 4 juin 2025 – Dans une décision lourde de conséquences pour des milliers d’Haïtiens, le président Donald J. Trump a signé une nouvelle proclamation interdisant l’entrée aux États-Unis aux ressortissants de 12 pays, dont Haïti, pour des raisons de sécurité nationale, lutte contre le terrorisme et protection des frontières.
Cette mesure s’appuie sur l’Ordre exécutif 14161 du 20 janvier 2025 intitulé « Protéger les États-Unis contre les terroristes étrangers et autres menaces à la sécurité nationale et à la sécurité publique ». L’évaluation menée par les agences de sécurité nationales a conclu que ces pays posent un risque élevé pour les États-Unis, soit en raison d’un manque de contrôle sécuritaire, d’un taux élevé de dépassement de visa, ou encore d’une absence de coopération dans le partage de renseignements critiques.
Haïti pointée du doigt pour son taux de dépassement de visa et l’absence d’État central fonctionnel
Selon le rapport officiel publié par la Maison-Blanche, Haïti affiche un taux de dépassement de visa B1/B2 de 31,38 %, et un taux de 25,05 % pour les visas de type F, M et J. Ce niveau est considéré comme alarmant par les autorités américaines. On peut lire :
(g) Haïti
(i) Selon le rapport sur les dépassements de visa, Haïti affiche un taux de dépassement de visa B-1/B-2 de 31,38 % et un taux de dépassement de visa F, M et J de 25,05 %. De plus, des centaines de milliers de ressortissants haïtiens en situation irrégulière sont entrés aux États-Unis pendant l’administration Biden. Cet afflux nuit aux communautés américaines en augmentant fortement les risques de dépassements de visa, l’établissement de réseaux criminels et d’autres menaces à la sécurité nationale. Il est de notoriété publique qu’Haïti ne dispose pas d’une autorité centrale capable de fournir et de diffuser de manière fiable des informations policières et de sécurité, ce qui est nécessaire pour s’assurer que ses ressortissants ne compromettent pas la sécurité nationale des États-Unis.
(ii) L’entrée aux États-Unis des ressortissants haïtiens, qu’ils soient immigrants ou non-immigrants, est désormais totalement suspendue.
Haïti est donc décrite comme un État sans autorité centrale capable d’assurer la transmission fiable des informations sécuritaires ou d’identité, ce qui compromet les procédures de filtrage lors des demandes de visa.
Une interdiction globale avec des exceptions strictes
La proclamation présidentielle interdit totalement l’entrée de ressortissants des pays suivants :
Afghanistan, Birmanie, Tchad, République du Congo, Guinée équatoriale, Érythrée, Haïti, Iran, Libye, Somalie, Soudan, Yémen.
Sept autres pays font l’objet de restrictions partielles :
Burundi, Cuba, Laos, Sierra Leone, Togo, Turkménistan, Venezuela.
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les résidents permanents légaux,
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les détenteurs de visas déjà valides,
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les personnes dont l’entrée sert les intérêts stratégiques des États-Unis.
L’aéroport de Port-au-Prince sous supervision américaine
Alors que la proclamation frappe de plein fouet les Haïtiens désireux de voyager ou de rejoindre leurs proches, l’aéroport international Toussaint Louverture continue de fonctionner sous une supervision renforcée des autorités américaines, selon des sources proches de l’administration aéroportuaire.
Des avions américains y atterrissent régulièrement pour les besoins de l’ambassade des États-Unis, ainsi que ceux de certains pays partenaires et organisations internationales. Cette présence discrète mais structurée montre que Washington garde le contrôle de certains leviers logistiques en Haïti, malgré les mesures sévères à l’encontre de ses ressortissants.
Lien assumé avec la lutte contre le terrorisme et les gangs haïtiens
Des observateurs politiques voient dans cette décision une prolongation de la récente désignation de plusieurs gangs haïtiens comme groupes terroristes, une première dans l’histoire de la relation bilatérale entre Haïti et les États-Unis. Pour rappel, le G9 dirigé par Jimmy “Barbecue” Chérizier et Kraze Baryè de Vitel’homme Innocent ont été récemment inscrits sur la liste noire américaine.
Trump invoque son « devoir sacré » de protéger les États-Unis
Citée dans la déclaration officielle, la Maison-Blanche affirme :
« Il est du devoir sacré du Président de s’assurer que ceux qui cherchent à entrer aux États-Unis ne représentent aucune menace pour le peuple américain. »
La Cour Suprême des États-Unis avait déjà validé ce type de mesure dans l’affaire Trump v. Hawaii, reconnaissant le droit du président d’invoquer l’article 212(f) du Immigration and Nationality Act pour restreindre l’entrée de ressortissants étrangers en cas de danger pour la sécurité nationale.
La rédaction