William Etienne, René Jacques Laguerre et Jude Marcelin, trois fonctionnaires affectés à l’immigration, ont été arrêtés le mardi 6 mai 2025 par des agents de l’Unité de Lutte Contre la Corruption (ULCC). Cependant, à peine deux jours plus tard, le jeudi 8 mai, ils ont été remis en liberté sur ordre du doyen du Tribunal de Première Instance de Port-au-Prince, Bernard Saint-Vil, à la suite d’un recours en Habeas Corpus.
Selon une source judiciaire, le juge des référés a estimé que leur arrestation était illégale et arbitraire, faute de base légale ou de mandat en bonne et due forme. Cette libération rapide suscite de nombreuses interrogations sur les motivations réelles de l’ULCC, dirigée par Me Hans Joseph, également avocat au Barreau de Port-au-Prince.
Plus troublant encore, l’ULCC aurait présenté officiellement son rapport d’enquête le mercredi 7 mai, soit après l’arrestation des trois agents, ce qui renforce les soupçons d’irrégularité dans la procédure. Or, selon l’article 7 de la loi créant l’ULCC, c’est au Conseil de Direction — et non au directeur général seul — qu’il revient de saisir les autorités judiciaires à l’issue d’une investigation formelle sur des faits pouvant constituer des infractions de corruption.
Composée de trois membres, dont le ministre de l’Économie et des Finances qui en est le président, l’administration de l’ULCC semble actuellement fonctionner en déséquilibre, sans l’encadrement clair du Conseil de Direction tel que prévu par les textes régissant l’institution. Le Directeur Général, censé s’appuyer sur un Directeur des Opérations et un Directeur Administratif et Financier, gère actuellement la structure sans contrôle effectif visible du ministère de tutelle. Le Ministère des Finances semble abandonner son rôle du tuteur de l’ULCC.
Par ailleurs, selon nos sources, plusieurs plaintes ont été déposées auprès du Barreau de l’Ordre des avocats de Port-au-Prince contre Me Hans Joseph, actuel directeur général de l’ULCC. En tant que membre de ce Barreau, il est reproché à Me Joseph d’avoir posé des actes qualifiés d’arbitraires et d’avoir adopté des comportements jugés contraires à l’éthique professionnelle ainsi qu’aux principes déontologiques de la profession juridique.
Plus intrigant encore, notre rédaction a constaté que Me Joseph aurait fait disparaître d’Internet d’anciennes publications et photographies remontant à l’époque précédant sa nomination, notamment celles illustrant ses liens avec l’ancien ministre de la Planification Aviol Fleurant et son frère Doddy H. Joseph, qui avait été arrêté dans un scandale de chèque au ministère. Des indices qui laissent planer des doutes sur sa volonté de dissimuler certaines affiliations, et qui alimentent les soupçons autour de sa gestion à la tête de l’ULCC.
La rédaction