Les États-Unis s’apprêtent à franchir un cap inédit : classer les gangs haïtiens Viv Ansanm et Gran Grif comme organisations terroristes étrangères (FTO). Une décision aux implications géopolitiques, diplomatiques, économiques et juridiques majeures sur l’ensemble du pays et des citoyens.
Selon des sources concordantes à Washington, une notification a été transmise aux commissions des affaires étrangères du Congrès américain le 23 avril. Elle annonce l’intention de l’administration Trump de désigner officiellement ces groupes comme terroristes, une mesure qui ouvrirait la voie à des sanctions internationales ciblées et à des actions répressives d’envergure.
Une décision qui change la donne
Le terme terrorisme n’est pas anodin. Une telle désignation entraînerait :
- Le gel des avoirs des personnes et entités associées ;
- Des restrictions bancaires, voire un embargo sur les armes ;
- Des poursuites internationales contre toute personne jugée complice, y compris au sein de l’appareil d’État ;
- Un isolement diplomatique sévère, comparable à celui des États considérés comme soutenant le terrorise
Les effets concrets d’une telle désignation
Si les gangs haïtiens sont officiellement qualifiés de terroristes, Haïti pourrait faire face à :
- Une rupture diplomatique avec plusieurs pays ;
- Des sanctions économiques généralisées et la paralysie du système bancaire ;
- Un isolement géopolitique durable ;
- Des frappes ciblées ou interventions militaires ;
- Des poursuites devant la Cour pénale internationale pour complicité d’actes de terreur, si des responsables sont identifiés.
Le journaliste américain Jake Johnston, a déclaré sur X :
“This could end virtually all trade with Haiti, if actually enforced… Humanitarian access programs would also likely cease.”
Autrement dit, la simple application stricte de cette mesure pourrait paralyser l’économie haïtienne, déjà exsangue. Très peu d’opérations commerciales se déroulent actuellement à Port-au-Prince sans paiement illégal à un gang. L’aide humanitaire, elle aussi, pourrait être suspendue faute de garanties d’accès.
Transferts de prisonniers et signaux régionaux
Les chefs des gangs désignés pourraient être transférés vers des centres de détention de haute sécurité à l’étranger, comme le CECOT au Salvador, qui accueille déjà des membres du MS-13 et du Tren de Aragua, également classés comme terroristes.
Cette orientation nouvelle traduit un élargissement de la définition américaine du terrorisme international. Des groupes criminels jusque-là qualifiés de “violents” passent désormais dans la catégorie des menaces géopolitiques transnationales, avec toutes les conséquences que cela implique.
Luis Abinader veut aussi juger les chefs de gangs en République Dominicaine
S’exprimant lors d’un point de presse hebdomadaire La Semanal con la prensa, le président dominicain Luis Abinader a insisté sur la nécessité de disposer d’un cadre légal permettant d’agir contre les criminels impliqués dans des actes terroristes en Haïti, même lorsqu’ils se trouvent en République Dominicaine.
Avec son décret présidentiel, la République dominicaine pourra désormais juger toute personne affiliée à un gang haïtien sur la base de critères propres à son système judiciaire, renforçant ainsi sa coopération avec les États-Unis dans la lutte régionale contre la criminalité transnationale.
100 millions par an pour les gangs
Lors d’une intervention sur Magik 9, le 29 avril 2025, le ministre haïtien de l’Économie et des Finances Alfred Metellus a révélé que les gangs collectent chaque année près de 100 millions de dollars américains à travers des taxes illégales, des rançons et des perceptions imposées à la population et aux entreprises.
Le voeu de André Michel : une conséquence lourde pour Haïti
Me André Michel, l’un des porte-parole du Secteur Démocratique et Populaire, a publiquement soutenu l’idée d’inscrire les gangs haïtiens sur la liste noire des organisations terroristes étrangères, sans en mesurer les conséquences.
“Oui, les gangs sont une menace, mais si vous les classez comme terroristes sans stratégie claire, ce sont tous les Haïtiens qui vont payer le prix dans leurs poches, dans leurs transferts, dans leur accès aux services de base,” nous a expliqué un expert des Nations-Unies.
Un silence officiel haïtien lourd de conséquences
Face à cette évolution, le silence des autorités haïtiennes devient intenable. Le ministre de la Justice Patrick Pélissier reste mutique, tandis que son homologue des Affaires étrangères Harvel Jean Baptiste multiplie les voyages internationaux sans impact notable.
Dans ce contexte, le mutisme de l’État haïtien face aux accusations d’implication de figures politiques et économiques nationales dans ces réseaux criminels alimente les soupçons internationaux. Le risque est grand que Haïti soit placée sur les “listes rouges” de soutien au terrorisme, tenues par le Département d’État américain, l’Union européenne ou encore les Nations unies.
Et après ?
L’insécurité endémique, l’impunité et l’inertie étatique placent Haïti au bord d’un basculement historique. Comme l’a souligné un diplomate occidental, “l’histoire jugera ceux qui auront eu le courage d’agir… et ceux qui auront choisi de se taire.”
La rédaction