Alors que la République dominicaine applique depuis février les 15 mesures migratoires annoncées par le président Luis Abinader, le Groupe d’Appui aux Rapatriés et Réfugiés (GARR) parle d’« urgence humanitaire » à la frontière.
« Nous accueillons chaque jour plusieurs centaines de personnes dans un centre prévu pour soixante », alerte Sam Guillaume, responsable communication & plaidoyer du GARR, à propos du site de Belladère, déjà à court de lits, d’eau potable et de personnel médical.
Rafles ciblant femmes enceintes et nourrissons
- 48 parturientes et 48 mineurs expulsés dès le premier jour d’un nouveau protocole appliqué dans 33 hôpitaux publics dominicains.
- Arrestations à la porte même des maternités, sans examen ni soins préalables.
- Témoignage d’une femme enceinte contrainte de monter dans un bus de rapatriement alors qu’elle se rendait à l’hôpital.
L’État haïtien pointé du doigt
Aucun dispositif officiel de réception, ni soutien psychosocial : « L’inaction flagrante des autorités haïtiennes met ces femmes en danger immédiat », accuse le GARR, réclamant assistance humanitaire minimale et protection juridique.
Argument budgétaire dominicain
Le gouvernement dominicain souligne que :
- Jusqu’à 30 % des dépenses obstétricales dans certaines provinces frontalières concernent des Haïtiennes.
- À La Altagracia, les naissances d’origine haïtienne dépassent trois pour deux celles de mères dominicaines.
« Nous ne pouvons plus supporter seuls le chaos importé d’Haïti », martèle Abinader, tout en sollicitant une aide internationale.
Trafic transfrontalier intact
- Coyotes haïtiens monnayant le passage.
- Intermédiaires dominicains vendant l’accès aux hôpitaux.
- Cliniques privées surfacturant certificats de naissance.
Aucun n’est inquiété ; la sanction frappe exclusivement les patientes, maillon le plus faible.
Frontière sans filets
Ni Affaires sociales, ni Haïtiens de l’étranger, ni Chancellerie, ni Intérieur, ni Présidence n’ont dépêché d’équipes permanentes aux postes‑frontières. Des femmes en plein travail se retrouvent abandonnées dans une zone dépourvue de maternité équipée.
« La frontière risque de devenir le théâtre d’une catastrophe humanitaire silencieuse, où le droit se dissout dans la raison d’État et la rhétorique nationaliste. » — Communiqué du GARR
Entre populisme sanitaire dominicain et défaillance chronique haïtienne, les femmes enceintes sont transformées en boucs émissaires. Tant qu’Haïti ne protégera pas ses ressortissantes et que Saint‑Domingue combattra les symptômes plutôt que le trafic, le cycle des expulsions continuera, emportant vies, dignité et espoir.
La rédaction