Le Conseil Présidentiel de Transition (CPT) d’Haïti se retrouve une nouvelle fois au cœur d’une vive controverse, cette fois-ci autour de la gestion de la Police Nationale d’Haïti (PNH) sous la direction de Rameau Normil. Une tentative visant à révoquer ce dernier a échoué jeudi dernier, faute de consensus au sein des membres du CPT. La proposition, soutenue par certains conseillers, n’a pas pu être mise en œuvre en raison du blocage de trois figures influentes du collège : Leslie Voltaire, Edgard Leblanc Fils et Fritz Alphonse Jean.
Un Statu Quo Injustifiable ?
Depuis plusieurs mois, Rameau Normil est critiqué pour son manque de résultats face à l’expansion des gangs armés sur tout le territoire national. Malgré les millions alloués par l’État pour les opérations de sécurité, la situation sécuritaire ne semble pas s’améliorer, et l’emprise des groupes criminels ne cesse de croître. Selon les analystes, le maintien de Normil à la tête de la PNH serait davantage motivé par des considérations politiques qu’une réelle confiance en sa gestion. Ce soutien manifeste de Voltaire, Leblanc et Fritz Jean semble, en effet, découler de la volonté de préserver leur influence dans les institutions de l’État.
La Situation sur le Terrain : Un Échec Flagrant ?
Les derniers événements montrent à quel point l’appareil sécuritaire est sous pression. L’opération Pacot, menée le 23 avril à Pacot, a suscité confusion et incohérences dans les déclarations officielles. Selon la PNH, l’opération a fait au moins six victimes, dont deux militaires et quatre brigadiers, mais la Primature a évoqué des policiers décédés, ce que le porte-parole de la PNH a formellement démenti. Pierre Espérance du RNDDH a, cependant, confirmé la mort d’un policier, portant le bilan à sept morts parmi les agents de sécurité. De son côté, le CPT s’est limité à parler de brigadiers, sans plus de précisions sur l’implication des policiers ou militaires.
Les fonds engagés pour les opérations sécuritaires sont conséquents, mais leur efficacité reste mise en doute. Plus de 13 millions de dollars ont été alloués à des interventions sécuritaires, dont environ 2,5 millions ont été utilisés dans des opérations récentes dans des zones sensibles comme l’Artibonite, Kenscoff et le Plateau Central. Pourtant, malgré ces investissements, les groupes armés continuent d’étendre leur pouvoir, et la population reste prise en étau entre l’insécurité croissante et la paralysie des autorités.
Entre janvier et avril 2025, près de 12 millions de dollars ont été débloqués pour l’acquisition d’armes et de munitions destinées à la Police nationale d’Haïti (PNH), dans le cadre des efforts engagés contre l’insécurité, a déclaré le ministre de la Justice, Patrick Pélissier, lors d’un atelier consacré aux crimes fonciers en Haïti.
Les Dérives du Système Sécuritaire
Le ministre de la Justice, Patrick Pélissier, a récemment confirmé que plus de 12 millions de dollars ont été alloués à l’achat d’armes et de munitions pour la PNH entre janvier et avril 2025. Cependant, ces fonds importants n’ont pas donné les résultats attendus. Les gangs continuent de semer la terreur en toute impunité, et l’inefficacité de l’État face à la montée de la violence devient de plus en plus apparente.
En parallèle, les conditions de travail des policiers restent un problème majeur. Des agents dénoncent publiquement la non-remise de leurs primes de risque et de leurs per diem, ainsi que les conditions précaires dans lesquelles ils sont envoyés en mission, souvent en première ligne contre les gangs.
Ce malaise au sein des forces de l’ordre pourrait bien amplifier la crise et compromettre davantage la lutte contre l’insécurité.
Il devient clair que pour restaurer un semblant de confiance et de stabilité en Haïti, des réformes profondes au sein de la PNH et du système de gouvernance seront nécessaires.