Tegucigalpa, avril 2025 – Lors de la IXe réunion annuelle de la Communauté des États Latino-Américains et Caribéens (CELAC), tenue dans la capitale du Honduras, Haïti a été représenté par Leslie Voltaire, présenté comme président du Conseil présidentiel de transition (CPT). Un discours très remarqué, dans lequel il a directement mis en cause des puissances étrangères dans l’aggravation de la crise sécuritaire en Haïti.
« Cette insécurité que nous vivons en Haïti est fabriquée et entretenue depuis l’extérieur par des forces obscures et mafieuses à travers le trafic illicite de la drogue, des organes et des munitions », a-t-il affirmé, avant d’ajouter que ces actes ne reflètent ni la culture, ni les valeurs fondamentales d’Haïti.
Dans un appel vibrant à la solidarité, Voltaire a invité les États membres à passer des paroles aux actes concrets, soulignant que le peuple haïtien refuse de céder au fatalisme et réclame le respect de ses droits fondamentaux.
Une représentation controversée
Mais cette intervention soulève une controverse majeure en Haïti : pourquoi Fritz Alphonse Jean, officiellement nommé président du CPT, n’a-t-il pas représenté le pays à cet événement diplomatique majeur ? L’absence du président du CPT Fritz Jean laisse place à de nombreuses spéculations. La présence de Leslie Voltaire, cautionnée par le ministre haïtien des Affaires étrangères Harvel Jean-Baptiste, est perçue par certains comme une manœuvre politique et une usurpation de titre au mépris de l’accord collectif au sein du Conseil présidentiel.
La CELAC adopte la Déclaration de Tegucigalpa
En marge de ces discours, les dirigeants de la CELAC ont adopté la Déclaration de Tegucigalpa, par laquelle 30 des 33 États membres ont rejeté les mesures coercitives unilatérales, réaffirmé leur soutien à la transition énergétique, à la sécurité alimentaire, et à la stabilité d’Haïti, tout en déclarant l’Amérique Latine et les Caraïbes comme une zone de paix.
Dans ce contexte, le président chinois Xi Jinping a adressé un message de félicitations au sommet, exprimant ses vœux de succès aux peuples de la région et saluant la tenue prochaine de la conférence ministérielle Chine-CELAC à Pékin. Pékin renforce ainsi sa présence dans les affaires latino-caribéennes, au moment où les tensions entre les grandes puissances mondiales se ravivent.
Vers une nouvelle crise diplomatique avec Washington ?
La posture de la CELAC et l’influence grandissante de la Chine dans la région pourraient raviver les tensions avec les États-Unis. L’administration de Donald Trump est connue pour son hostilité envers les alliances multilatérales et sa volonté de réaffirmer la domination américaine dans l’hémisphère occidental. Donald Trump, revenu au pouvoir en janvier 2025, a déjà affiché son scepticisme face aux institutions régionales comme la CELAC, qu’il considère comme trop influencées par des États anti-américains.
Que cherche réellement Leslie Voltaire ?
Bizarrement, les avancées diplomatiques de Leslie Voltaire semblent s’orienter de plus en plus vers des partenaires qui sont en contradiction ouverte avec les États-Unis, notamment l’administration Trump, ou même avec les alliés traditionnels d’Haïti.
Alors que le pays reste largement dépendant de l’aide américaine et occidentale, cette stratégie intrigante soulève une question fondamentale : que cherche Voltaire à prouver ? S’agit-il d’un repositionnement tactique au nom d’une autonomie régionale, ou d’une dérive solitaire aux conséquences imprévisibles pour la diplomatie haïtienne ?
La rédaction