Luigi Mangione, accusé du meurtre du PDG d’UnitedHealthcare, Brian Thompson, se retrouve au cœur d’un affrontement judiciaire et politique d’une rare intensité. Ses avocats dénoncent une procédure à double tranchant, tandis que les procureurs fédéraux veulent faire de son procès un exemple.
Double accusation, double enjeu
Jeudi, les avocats de Mangione ont demandé à un juge new-yorkais de rejeter les accusations de meurtre portées contre leur client par l’État. Selon eux, une procédure fédérale parallèle, déjà engagée, rend ces poursuites inconstitutionnelles au nom du principe de non bis in idem, qui interdit de juger deux fois une personne pour les mêmes faits. Le gouvernement fédéral entend pourtant aller plus loin : en réclamant la peine de mort, il souhaite envoyer un signal fort.
Une arrestation controversée
Luigi Mangione, arrêté après une cavale de cinq jours, a plaidé non coupable. Ses avocats contestent également la légalité de l’arrestation. Ils demandent l’exclusion de plusieurs éléments à charge, notamment une arme de poing et un carnet retrouvé sur lui, contenant des notes jugées incriminantes. Ils affirment que Mangione a été interrogé sans que ses droits constitutionnels lui soient clairement signifiés.
Des images de vidéosurveillance montreraient un homme masqué tirant dans le dos de Brian Thompson, en plein cœur de Manhattan. Mais selon la défense, rien ne prouve formellement que Mangione soit l’auteur des tirs.
Une affaire hautement politique
Le ton de l’administration Trump ne laisse planer aucun doute sur sa volonté de faire de cette affaire un cas emblématique. La procureure générale Pam Bondi a affirmé :
“Le meurtre de Brian Thompson — un homme innocent et père de deux enfants — était une exécution préméditée et sang-froid qui a choqué l’Amérique. Sur instruction du président, nous poursuivons la peine capitale.”
Dans la foulée, elle a qualifié le crime d’acte de violence politique, ajoutant que des civils avaient été mis en danger lors de la fusillade.
Ce discours musclé s’inscrit dans la stratégie électorale de Donald Trump, qui promet de “rétablir l’ordre” et de “Make America Safe Again”. Pour nombre d’observateurs, cette posture vise autant à rassurer l’opinion qu’à séduire la frange la plus sécuritaire de son électorat.
Un procès très attendu
Le procès fédéral de Luigi Mangione pourrait devenir un théâtre d’affrontement idéologique entre deux visions de la justice : répressive et exemplaire pour les uns, liberticide et politisée pour les autres. L’audience préliminaire est fixée au 26 juin selon les médias américains. Le procès, quant à lui, n’a pas encore de date, mais il s’annonce explosif.
La Rédaction