Dans une lettre adressée le 5 juin au secrétaire d’État américain Marco Rubio, le Parti EDE, dirigé par Claude Joseph, appelle les États-Unis à reconsidérer l’interdiction d’entrée imposée aux ressortissants haïtiens. Une démarche diplomatique qui se veut patriotique, mais qui trahit une série de contradictions politiques majeures.
EDE remercie Washington pour avoir classé Viv Ansanm et Gran Grif comme organisations terroristes — une décision saluée, mais dont le parti lui-même avait demandé conjointement avec les signataires de l’Accord du 21 Décembre, l’adoption dès janvier 2024, dans une lettre à Donald Trump. Autrement dit, EDE récolte aujourd’hui les conséquences d’une stratégie qu’il a contribué à initier. En quoi est-ce cohérent de dénoncer les effets d’une politique qu’on a encouragée ?
Si la lettre plaide pour la dignité des Haïtiens, elle reste silencieuse sur les causes profondes de l’exode : corruption, insécurité, impunité politique. Elle ne propose ni solution interne, ni vision de sortie de crise. Et pas un mot sur la Mission multinationale de sécurité (MMSS), pourtant essentielle pour restaurer l’autorité de l’État.
En fin de compte, EDE critique une mesure qu’il a indirectement légitimée, dans une posture plus symbolique que structurante. Défendre les Haïtiens à l’étranger, sans agir pour eux chez soi, relève plus de l’effet d’annonce que d’un réel projet politique.
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La rédaction