Dans le cadre de sa stratégie opérationnelle, la Task Force anti-corruption haïtienne, regroupant l’ULCC, le BAFE, la CNMP, l’IGF et l’UCREF, a lancé une formation intensive en analyse des données financières. Avec l’appui de l’Office des Nations Unies contre la Drogue et le Crime (UNODC), cette initiative vise à renforcer les capacités des enquêteurs dans la détection de fraudes, l’analyse des flux monétaires et le suivi des transactions suspectes, a informé le 4 Juin 2025 l’ULCC sur son compte X.
Cette dynamique s’inscrit dans les engagements pris par Haïti au titre de la Convention des Nations Unies contre la Corruption (UNCAC), avec l’objectif déclaré de professionnaliser les instruments de contrôle des finances publiques.
Cependant, sur le terrain, les actions de l’ULCC sont loin de faire l’unanimité. Le mardi 6 mai 2025, trois fonctionnaires affectés à la Direction de l’Immigration – William Étienne, René Jacques Laguerre et Jude Marcelin – ont été arrêtés par des agents de l’institution anticorruption. Deux jours plus tard, le jeudi 8 mai, ils ont été remis en liberté sur décision du doyen du Tribunal de Première Instance de Port-au-Prince, Bernard Saint-Vil, dans le cadre d’un recours en habeas corpus.
Une source judiciaire a indiqué que le juge des référés a considéré l’arrestation comme “illégale et arbitraire”, évoquant l’absence de mandat régulier ou de base légale claire.
Par ailleurs, plusieurs plaintes ont été déposées auprès du Barreau de Port-au-Prince contre Me Hans Joseph, directeur général de l’ULCC. Il lui est reproché d’avoir agi de manière arbitraire dans certains dossiers, et d’avoir adopté des comportements jugés contraires à l’éthique professionnelle.
Notre rédaction a également constaté que certaines anciennes publications en ligne relatives à Me Joseph ont été supprimées, notamment celles montrant ses liens avec l’ancien ministre de la Planification Aviol Fleurant et son frère Doddy H. Joseph, impliqué dans une affaire de chèques frauduleux.
De plus, dans une déclaration publique, l’ancien député Patrick Norzéus, présenté comme proche du cabinet de Smith Augustin, a fustigé un « rapport politiquement motivé » dans le dossier des trois conseillers présidentiels, récemment ciblés par l’ULCC.
De son côté, Me Guerby Blaise, avocat et docteur en droit pénal, a critiqué sur le réseau X (ex-Twitter) l’absence de fondement légal dans un rapport défavorable émis contre un de ses clients. Selon lui, le texte de l’ULCC ne fait aucune référence à l’arrêté Jouthe du 9 février 2021, créant le CRLDI. Il évoque un « défaut analytique » majeur, dénonçant une dérive populiste dans la production des rapports. « L’ULCC ne doit pas devenir un outil politique ou populiste », a-t-il écrit, appelant les autorités à faire preuve de prudence dans leurs soutiens publics à l’Unité.
Dans ce contexte, la réforme de l’ULCC et la revalorisation de ses méthodes de travail apparaissent comme des priorités, si l’on veut préserver la confiance du public et assurer l’efficacité de la lutte contre l’impunité.
La rédaction