D’après l’édition 2025 de la carte « Femmes en politique » publiée par l’Union interparlementaire (UIP) et ONU Femmes, les hommes demeurent au moins trois fois plus nombreux que les femmes dans les gouvernements et les parlements à travers le monde.
Si la part des femmes parlementaires dans le monde progresse timidement (+0,3 point pour atteindre 27,2 %), leur présence au sein des gouvernements régresse (-0,4 point, à seulement 22,9 %). Le constat est sévère : malgré les discours et les engagements, l’égalité des sexes en politique reste largement une promesse non tenue.
Dans certaines régions, la situation est encore plus dramatique. Le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord n’enregistrent que 16,7 % de femmes parlementaires. En Asie centrale, à peine 9 % des ministères sont dirigés par des femmes.
Des postes stéréotypés
Lorsqu’elles accèdent au pouvoir, les femmes héritent majoritairement de portefeuilles liés aux affaires sociales, familiales ou à l’égalité des sexes. La Défense (13 %), les Finances (16,4 %), ou d’autres ministères stratégiques restent fermement verrouillés par les hommes.
Et en Haïti ?
La situation est encore plus préoccupante.
Dans le gouvernement actuel dirigé par Didier Fils-Aimé, sur 18 ministres, seules 4 femmes ont été nommées. Dans les directions générales, les institutions stratégiques et les cabinets ministériels, la quasi-invisibilité des femmes saute aux yeux.
Au sein même du Conseil présidentiel de transition (CPT), la parité est inexistante : sur neuf membres, une seule femme siège — sans droit de vote.
Symbole criant de cette marginalisation, la Présidente-conseillère Régine Abraham semble devoir gommer sa féminité pour se faire une place dans un univers exclusivement masculin : tenues sombres, attitudes effacées… un style contraint ou un choix stratégique pour être “tolérée” parmi huit hommes ? La question mérite d’être posée.
Le constat est sans appel : le pouvoir est accaparé par des hommes, souvent âgés de plus de soixante ans. Les photos officielles illustrent cette réalité sans détour. Les chefs de cabinet, les conseillers, les équipes ministérielles : presque tous des hommes. À peine deux femmes sur dix collaborateurs, dans les cas les plus « favorables ».
Et même dans les ministères dirigés par des femmes, leurs cabinets sont majoritairement masculins, prolongeant un déséquilibre choquant, y compris dans les espaces supposés porter le changement.
La transition actuelle est pensée, menée, contrôlée par des hommes. Alors, où sont les femmes ?
Ne sont-elles pas compétentes ? Ne sont-elles pas engagées ? Ou leur participation est-elle systématiquement étouffée par un système politique verrouillé, patriarcal et discriminatoire ?
Un appel urgent à l’action dans le monde
Tulia Ackson, Présidente de l’UIP, rappelle que la santé des démocraties dépend de la représentation équitable des femmes.
Sima Bahous, Directrice exécutive d’ONU Femmes, alerte : il faut aller au-delà des demi-mesures pour briser les barrières systémiques.
Mais en Haïti, alors que le monde appelle à accélérer, le pouvoir semble reculer, ignorant les recommandations internationales et piétinant l’ambition d’égalité.
Une exclusion inacceptable
À ce rythme, il faudrait encore près de 40 ans pour équilibrer les sphères du pouvoir.
La Rédaction