Port-au-Prince, 25 avril 2025 – Après plusieurs semaines de silence face aux mesures migratoires drastiques imposées par le gouvernement de Luis Abinader, le Conseil Présidentiel de Transition (CPT) a finalement opté pour la voie diplomatique afin de défendre les droits des Haïtiens en République Dominicaine. Ce vendredi, l’Ambassadeur dominicain en Haïti, Faruk Miguel Castillo, a été invité à la Chancellerie par le Ministre des Affaires Étrangères, Jean-Victor Harvel Jean-Baptiste.
Tout en reconnaissant la souveraineté de la République Dominicaine sur sa politique migratoire, le Chancelier haïtien a fermement exigé le respect des droits humains lors des opérations de rapatriement, conformément au Protocole de 1999 liant les deux pays, précise un communiqué officiel du Ministère.
En réponse, l’Ambassadeur Castillo s’est engagé à transmettre les préoccupations de la partie haïtienne à son gouvernement.
Dans la foulée, le ministère a annoncé le lancement d’un programme de retour volontaire. Ce vendredi, 732 compatriotes en situation irrégulière ont été rapatriés dans des conditions jugées « dignes » par les autorités haïtiennes. En parallèle, environ dix bus transportant des Haïtiens quittant volontairement Saint-Domingue étaient attendus à Ouanaminthe nous a informé notre source.
Si cette première réaction diplomatique est à saluer, Le Quotidien 509 rappelle que cette démarche intervient bien tard, alors que les expulsions et les actes d’intimidation contre les Haïtiens se multiplient.
Implanté également en République Dominicaine, notre média reste particulièrement vigilant et appelle la Chancellerie haïtienne à revoir en profondeur l’image de ses représentations à l’étranger. L’état dégradé de l’ambassade d’Haïti à Santo Domingo, les conditions d’accueil défaillantes pour les ressortissants, ainsi que les retards chroniques dans la délivrance de passeports et de documents d’identité, exposent nos compatriotes à une vulnérabilité accrue.
Le respect commence par nous-mêmes. Pour être pris au sérieux par le gouvernement dominicain et les autres partenaires, Haïti doit restaurer la dignité de ses institutions et incarner l’image d’un État responsable.
Enfin, plusieurs organisations haïtiennes tirent une nouvelle fois la sonnette d’alarme : aucune structure sérieuse d’accueil n’a été mise en place à la frontière pour recevoir les migrants déportés ou de retour volontaire. Sans accompagnement, ni soutien à la réintégration, ces citoyens restent livrés à eux-mêmes.
Face à une crise aussi grave, un simple dialogue diplomatique ne suffit pas : il est temps de bâtir une réponse globale, humaine et durable.
La rédaction