Mirebalais, le 15 avril 2025 – La ville de Mirebalais sombre dans le chaos. Depuis plusieurs jours, les gangs armés affiliés à la coalition criminelle Viv Ansanm imposent leur domination, chassant la population, pillant les commerces et détruisant les symboles de l’État. Ce mardi après-midi, les bandits ont totalement incendié le commissariat de la ville, après avoir vidé les cellules de la prison. La police, en infériorité numérique et stratégique, a abandonné ses positions pour se replier à plus de deux kilomètres du centre-ville.
D’après le journaliste Zacharie Exil, directeur de Radio Zaho FM, les malfrats contrôlent désormais environ 80 % de Mirebalais. « Ils continuent de piller les entreprises locales, avant d’acheminer les cargaisons à Port-au-Prince, dans les quartiers réputés pour leur activité criminelle », affirme-t-il.
Hier encore, à l’aide de conteneurs, les hommes de Viv Ansanm ont littéralement vidé le marché public, s’emparant de la marchandise entreposée dans les dépôts commerciaux. Une scène de pillage méthodique qui s’ajoute à la destruction systématique des infrastructures publiques.
Une réponse policière jugée insuffisante
La Police Nationale d’Haïti (PNH) a tenté de rassurer la population en annonçant, via un communiqué publié le 9 avril, l’envoi de renforts dans la région, comprenant des unités spécialisées et du matériel de combat remis à la Direction Départementale de la Police du Centre (DDC). Mais sur le terrain, les résultats sont quasi inexistants.
« Le centre-ville est entre les mains des gangs. Seules quelques localités périphériques bénéficient encore d’une présence policière », déplore Zacharie Exil.
La Force Multinationale renforcée, mais impuissante ?
Alors que la violence s’intensifie, un nouveau contingent est arrivé ce mardi en Haïti pour appuyer la Mission de Sécurité Multinationale (MSS), dirigée par le Kenya. Il s’agit d’une vingtaine d’officiers jamaïcains, selon des sources diplomatiques. Pourtant, malgré cette présence internationale censée soutenir les autorités haïtiennes, les gangs continuent d’étendre leur emprise.
Solino, Nazon, Mirebalais, Pacot, Turgeau, Kenscoff… Autant de zones qui ont rejoint la liste grandissante des territoires échappant totalement au contrôle de l’État. Une situation alarmante qui met en lumière les limites actuelles de la stratégie sécuritaire adoptée par les partenaires internationaux.
La rédaction