Le 29 janvier 2025, le Président du Conseil Présidentiel de Transition (CPT) d’Haïti, Leslie Voltaire, s’est entretenu avec Emmanuel Macron à l’Élysée. Officiellement, cette rencontre visait à renforcer la coopération entre les deux pays sur les enjeux sécuritaires, humanitaires et historiques. Pourtant, plusieurs éléments indiquent que cette visite, loin d’être un engagement fort de la France envers Haïti, s’apparente davantage à un exercice diplomatique de routine.
Sécurité : Un Soutien Français sous Conditions
Selon le communiqué de l’Élysée, la France a réaffirmé son soutien à la Police Nationale d’Haïti (PNH) et à la Mission Multinationale d’Appui à la Sécurité (MMAS). Macron a évoqué la nécessité d’une présence onusienne renforcée, évoquant même une transformation de la mission en une véritable opération de maintien de la paix.
Cependant, dans son propre compte rendu, le CPT a mis en avant des discussions sur une coopération sécuritaire franco-colombienne pour lutter contre le trafic d’armes et de drogue en Haïti, un aspect totalement absent du communiqué de l’Élysée. De plus, alors que Voltaire aurait plaidé pour des équipements militaires et un soutien logistique concret, aucun engagement précis n’a été pris par la France.
Le communiqué français met en avant une aide de 40 millions d’euros allouée en 2024 pour soutenir Haïti sur le plan humanitaire et du développement. Cette somme, bien qu’importante, correspond à des engagements passés et ne constitue pas une nouvelle initiative.
Dette d’Indépendance : une allusion prudente, mais pas d’excuses ni de réparation
Sur la question historique de la dette d’indépendance imposée à Haïti en 1825, l’Élysée reste vague. Le communiqué évoque la « mémoire de l’esclavage » et annonce des « initiatives communes mémorielles, culturelles, économiques et éducatives », sans jamais aborder la restitution ou la réparation.
De son côté, le CPT a insisté sur la tenue d’une rencontre en avril 2025 à Paris pour discuter de cette dette, suggérant que le sujet a bien été évoqué. Pourtant, Macron s’est bien gardé d’émettre un quelconque engagement sur un processus de restitution, préférant une approche purement symbolique.
Macron reste silencieux sur ses Propos Controversés.
Un détail n’a pas échappé aux observateurs : Macron n’a pas présenté d’excuses pour avoir qualifié les dirigeants haïtiens de « complètement cons ». Son silence sur cette affaire, qui avait provoqué l’indignation en Haïti, illustre une certaine condescendance de la diplomatie française vis-à-vis du pays.
Une rencontre sans le faste diplomatique habituel
Contrairement à d’autres chefs d’État ou de gouvernement accueillis avec un protocole d’État, Voltaire n’a pas bénéficié des honneurs diplomatiques habituels. Pas de conférence de presse conjointe, pas d’apparat protocolaire, et une communication minimale de la part de l’Élysée. Cela reflète le statut précaire du CPT et la prudence française face à une transition politique encore incertaine en Haïti.
Une visite symbolique, mais peu d’avancées concrètes
Si cette rencontre a permis de réaffirmer la relation franco-haïtienne, elle a surtout révélé les limites de l’engagement de la France envers Haïti. La sécurité reste une priorité, mais sans annonces concrètes. La dette d’indépendance est mentionnée, mais sans perspective de réparation.
La rédaction