La proclamation du gouvernement des États-Unis suspendant, à compter du 1er janvier 2026, l’entrée sur son territoire des ressortissants d’Antigua-et-Barbuda et du Commonwealth de la Dominique a provoqué une vive inquiétude dans ces deux États caribéens. Cette décision, annoncée sans préavis, affecte un accès jugé vital par les populations concernées — qu’il s’agisse de liens familiaux, d’éducation, de soins médicaux, d’affaires ou d’opportunités économiques — et menace des économies étroitement liées aux États-Unis par le commerce, le tourisme et les échanges humains.
Face à cette situation, Antigua-et-Barbuda a immédiatement activé ses leviers diplomatiques. Selon Sir Ronald Sanders, ambassadeur d’Antigua-et-Barbuda auprès des États-Unis et de l’OEA, des discussions directes ont été engagées avec de hauts responsables américains afin d’obtenir des clarifications et de rechercher des solutions. Il rappelle que la décision américaine a surpris jusqu’aux responsables des dossiers caribéens à Washington, alors même que des échanges techniques approfondis étaient en cours depuis près d’un an entre les États-Unis et les pays caribéens disposant de programmes de citoyenneté par investissement (CBI).
Les gouvernements d’Antigua-et-Barbuda et de la Dominique soulignent par ailleurs avoir renforcé leurs cadres législatifs et réglementaires, souvent à la demande explicite des autorités américaines, afin de se conformer aux standards internationaux les plus stricts. Antigua-et-Barbuda conteste notamment l’argument selon lequel son programme serait dépourvu d’exigences de résidence, rappelant que ces conditions existent depuis longtemps et ont été récemment durcies par le Parlement.
Tout en reconnaissant le droit souverain des États-Unis de protéger leur sécurité nationale, ces pays plaident pour une clarification rapide, notamment sur le sort des visas déjà délivrés. Ils estiment qu’une incertitude prolongée pénaliserait inutilement des citoyens respectueux des règles ainsi que des économies légitimes.
Haïti : le contraste du silence
Ce dossier met en lumière un contraste saisissant avec la situation d’Haïti, dont les ressortissants subissent depuis longtemps des restrictions sévères d’accès au territoire américain, assimilées dans l’opinion publique à un véritable bannissement.
Alors que Sir Ronald Sanders occupe l’espace médiatique et diplomatique, explique, argumente, contextualise et négocie activement avec Washington, le ministre haïtien des Affaires étrangères, Jean-Victor Harvel Jean-Baptiste, s’est limité à un communiqué sans suite visible. Aucun plan, aucune initiative publique, aucune mobilisation diplomatique régionale ou parlementaire n’a été annoncée. L’impression qui se dégage est celle d’un État qui subit au lieu de défendre.
Lors d’un récent Mardi de la Nation, le chef de la diplomatie haïtienne a certes exprimé ses « réserves » sur la manière dont Donald Trump prend ses décisions. Mais des réserves verbales sans rapport de force ne constituent pas une politique étrangère. Pendant que les diplomates d’Antigua-et-Barbuda détaillent les négociations en cours et exercent une pression politique assumée, Haïti ne propose ni plaidoyer documenté, ni garanties institutionnelles, ni stratégie de dialogue formel avec Washington.
Washington : une diplomatie absente
Le constat est implacable : où est la voix d’Haïti à Washington ?
Quelles démarches ont été entreprises auprès du Département d’État ?
Quels échanges ont eu lieu avec les élus du Congrès ?
Quelle coordination existe avec la diaspora haïtienne, pourtant influente sur le plan politique et économique ?
Contrairement à Antigua-et-Barbuda et à la Dominique, les autorités haïtiennes n’ont communiqué clairement sur aucune action visant à :
• initier un dialogue formel avec les autorités américaines ;
• contester ou expliquer les mesures restrictives ;
• présenter des garanties institutionnelles ou sécuritaires crédibles ;
• défendre les droits des citoyens haïtiens, y compris ceux disposant de visas valides ou de liens familiaux aux États-Unis.
L’exemple d’Antigua-et-Barbuda et de la Dominique démontre qu’un État, même vulnérable, peut défendre ses intérêts par la parole, la négociation et la transparence, sans renoncer à sa dignité ni à sa souveraineté. À l’inverse, l’opacité et le silence observés du côté haïtien posent une question fondamentale de responsabilité politique : qui parle aujourd’hui au nom des citoyens haïtiens lorsque leurs droits à la mobilité, à la famille, à l’éducation et aux soins sont restreints ? Qui est le représentant d‘Haïti à l’OEA ? Dahomey ou Desulme? Que fait Lionel Delatour à Washington ?
Dans un contexte régional où l’accès aux États-Unis demeure crucial, Haïti ne peut se permettre une diplomatie fantôme. Reprendre l’initiative n’est plus une option, mais une urgence.
Devrait-on se demander si les structures du lobbying ne compètent qu’aux démarchent personnelles ou de groupes? Si pour le maintien à certaines fonctions ou le vote de HELP on a pu actionner les ressorts du lobbying à washington, n’y a-t-il pas lieu aujourd’hui que la motivation soit l’image du pays et le sort de nos voyageurs?
La rédaction
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