Pour la première fois, une citoyenne cubaine fera partie de la Cour interaméricaine des droits de l’homme (CIDH) : Rosa María Payá, 36 ans, militante des droits humains et figure de la dissidence cubaine, a été élue le 27 juin 2025 lors de l’Assemblée générale de l’Organisation des États américains (OEA) tenue à Antigua-et-Barbuda.
Proposée par les États-Unis, elle a remporté 20 votes sur 34, suffisant pour obtenir son siège, malgré une campagne de déstabilisation lancée contre sa candidature par les trois régimes autoritaires de la région – Cuba, Venezuela et Nicaragua – ainsi que par certains secteurs de la gauche latino-américaine.
« Ce sera un honneur de servir tous les peuples d’Amérique », a-t-elle déclaré, émue, après sa désignation.
Rosa María Payá est la fille du dissident Oswaldo Payá, fondateur du Mouvement chrétien de libération à Cuba, mort dans un accident suspect en 2012. La Commission interaméricaine des droits de l’homme (CIDH) a estimé que l’État cubain portait la responsabilité de cette mort.
Une voix forte pour la démocratie
Fondatrice du mouvement “Cuba Decide”, Rosa María milite pour l’organisation d’un plébiscite démocratique à Cuba en vue d’un changement pacifique de régime. Elle a remercié les États-Unis pour le courage d’avoir soutenu sa candidature et leur accompagnement pendant toute la campagne.
« Nous vivons sur un continent où la démocratie s’affaiblit, où la répression augmente et où des millions de personnes souffrent de l’effondrement de l’État de droit. La mission de la CIDH est essentielle », a-t-elle affirmé.
Parmi ses priorités en tant que juge à la CIDH, elle a cité :
– La protection des plus vulnérables ;
– La défense active de la démocratie
– L’amélioration de l’efficacité et de la transparence de la Commission
Soutien et opposition
Sa nomination a été saluée par Carlos Giménez, membre du Congrès américain d’origine cubaine, qui l’a qualifiée de « fierté de la diaspora ». Giménez, avec Mario Díaz-Balart et Elvira Salazar, est membre du groupe surnommé les “cubains fous”, qui poussent l’administration Trump à maintenir une politique dure envers les régimes autoritaires de la région.
En revanche, le pouvoir cubain a vivement critiqué sa nomination, en la qualifiant de provocation. Cette opposition officielle contraste fortement avec les réactions enthousiastes de nombreux mouvements de défense des droits humains à Cuba, au Venezuela et au Nicaragua.
En toile de fond : les alliances autoritaires
Au moment même où Rosa María entrait dans l’histoire, le président cubain Miguel Díaz-Canel était en visite à Minsk, accueilli par le dictateur biélorusse Alexandre Loukachenko. Ce contraste entre les parcours de la dissidente et du président souligne la fracture profonde entre les aspirations démocratiques d’une partie du peuple cubain et la trajectoire de son gouvernement.
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