Où sont nos diplomates en République dominicaine ? Le silence criminel autour du décès de Sephora Joseph

La mort de Stephora Joseph, 11 ans, survenue le 14 novembre 2025 lors d’une journée scolaire (pasadía)  dans une villa privée de Santiago, plonge sa famille dans la douleur et l’incompréhension. Plus de dix jours après le drame, ses proches dénoncent le silence du Ministère Public dominicain et l’absence de transparence dans l’enquête.

Selon sa mère, Lovelie Joseph Raphael, ni le rapport préliminaire du Inacif (Institut national de sciences médico-légales), ni les images de vidéosurveillance de la villa n’ont été communiqués. « On nous donne des excuses, jamais des réponses. Nous voulons seulement savoir ce qui s’est passé avec notre fille », confie-t-elle.

Les avocats de la famille, Shesnel Calcaño et Miguel Díaz, affirment avoir multiplié les démarches officielles sans succès. Le collège Da Vinci, où Stephora étudiait depuis plus de quatre ans, n’a pas fourni de version officielle des faits. Pourtant, une réglementation claire existe : l’Ordre Départemental 09-2009 du Ministère de l’Éducation interdit strictement les activités scolaires dans des rivières, plages ou piscines.

Le pasadía avait été organisé pour récompenser les élèves méritants, Stephora Anne-Mircie Joseph figurant au tableau d’honneur. La veille, le collège avait demandé à sa mère de préparer un maillot de bain.

Le jour du drame, à 11h28, un membre du personnel a appelé Lovelie Joseph en affirmant que l’enfant « ne se sentait pas bien » et « vomissait ». En réalité, Stephora était déjà décédée. Arrivée en urgence à la Hacienda Los Caballos, la mère s’est vu refuser l’accès pendant près de trois heures, alors que la zone était bouclée par la police. Le certificat médical préliminaire conclut à une asphyxie mécanique par noyade.

Aucun professeur, directeur ou représentant du centre éducatif ne s’est adressé à la famille. « Nous leur avions confié notre fille. En retour, nous n’avons reçu qu’un silence inhumain », déplore la mère.

Alors que plusieurs médias dominicains dénoncent déjà le silence du parquet de Santiago et le mutisme de l’établissement scolaire, le plus révoltant demeure l’attitude des autorités haïtiennes. Les représentants d’Haïti à Santiago n’ont pas pipé mot : aucune déclaration officielle, aucun accompagnement, aucune prise de position publique. Absolument rien.

Cet abandon ressenti par la famille s’ajoute à un malaise plus profond : la communauté haïtienne en République dominicaine se sent délaissée, tandis que les diplomates — enfermés dans leurs privilèges — semblent incapables d’assumer pleinement leur rôle de protection et de défense.

Lyly Sory Ades

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