En Haïti, la santé des dirigeants reste un mystère d’État.
Pas de bulletin médical, pas de contrôle de routine, pas de transparence.
Pendant que les citoyens affrontent l’insécurité, la misère et l’épuisement collectif, ceux qui dirigent le pays se soustraient au regard public, comme si leur santé — physique ou mentale — n’avait aucun lien avec la gouvernance.
Un mystère persistant entoure la santé — physique comme mentale — des dirigeants haïtiens. Les rumeurs remplacent les certificats médicaux, les on-dit tiennent lieu de bulletins officiels. Ici, tout se murmure : untel serait maniaco-dépressif, l’autre bipolaire, un troisième souffrirait d’insuffisance rénale ou de problèmes de prostate, un autre encore d’un début de cancer du poumon ou du pancréas.
Des proches, parfois indiscrets, extrapolent sur la manière dont certains dirigeants gèrent la pression du pouvoir. Rares sont ceux qui trouvent le temps de faire du sport, beaucoup comptent sur la cigarette ou l’alcool, et une minorité cherche refuge dans la méditation ou la prière. Dans cette culture du silence et de l’apparence, une simple grippe, une toux ou une fièvre deviennent des sujets de spéculation, comme si être malade faisait du chef d’État un homme faible.
Pourtant, la véritable faiblesse ne réside pas dans la maladie, mais dans l’incapacité à mettre le pays sur la voie du progrès, de la transparence et de la modernité. C’est cette opacité — bien plus que la fatigue ou la fièvre — qui épuise la République.
À des milliers de kilomètres de Port-au-Prince, le président américain Donald J. Trump a, lui, publiquement passé sa visite médicale annuelle à l’hôpital Walter Reed.
Le certificat officiel du 10 octobre 2025, signé par le médecin du président, Capitaine Sean P. Barbabella, D.O., déclare :
« President Donald J. Trump continues to demonstrate excellent overall health. »
(Le président Donald J. Trump continue de présenter une excellente santé générale.)
Le rapport mentionne également une bonne condition cardiovasculaire et neurologique, un âge cardiaque 14 ans plus jeune que son âge réel (79 ans), et un rappel de vaccin contre la COVID-19 avant un déplacement international. Une publication publique, claire, vérifiable — comme il se doit dans toute démocratie fonctionnelle.
À Port-au-Prince, en revanche, aucune donnée sur la santé des membres du Conseil présidentiel de transition ni du Premier ministre. Le peuple ne sait rien de leur état de forme, de leur capacité à supporter la pression, ou même de leur stabilité psychologique. Et pourtant, ce sont eux qui détiennent les leviers du pays.
Alors, si la Maison-Blanche peut rendre public le bulletin médical de Trump, pourquoi la Primature et le CPT gardent-ils encore le silence ? Qui veille sur la santé physique et mentale de ceux qui dirigent la République ?
Et si la transparence médicale devenait aussi un acte de gouvernance ?
Brigitte Benshow

