Chers (chères) membres de la rédaction du journal Le Quotidien 509. Je ne sais si ce courrier répondra à vos critères de publications et à votre ligne éditoriale, mais j’aurais aimé partager cette petite réflexion avec vos lecteurs et lectrices sur les différents rapports de l’Unité de Lutte contre la Corruption (ULCC).
Ancien cadre de l’ULCC et investigateur de formation, j’ai travaillé à l’institution du temps d’Amos Durosier comme directeur général et aussi sous la supervision de Pierre-Louis Opont, alors directeur des opérations. J’ai laissé l’ULCC au départ de Me Lyonel Bourgoin, actuel commissaire du gouvernement de Port-au-Prince. Un homme digne et rigoureux qui faisait aussi un travail scientifique à l’ULCC.
Je lis avec beaucoup de rigueur les rapports d’enquête de cette institution de l’Etat, dirigée aujourd’hui par le fougueux et l’ambitieux Hans Joseph, avocat de formation.
Malheureusement, notre pays vit aujourd’hui de scandale en scandale. Un scandale chasse un autre. Des mains manipulent l’opinion publique pour enfoncer le pays dans un chaos total. « Nou renmen zen, nou mande zen, yo ban nou zen ». Les Haïtiens vivent ces jours-ci de ragots et de rumeurs. Ils piétinent les véritables chantiers et décisions d’État capable de changer le cours de leur vie et de recamper la dignité nationale.
Il est malheureux que des cadres et grands commis de l’Etat oublient à qui ils sont redevables. Ils se laissent aller à contempler le job au détriment de la société haïtienne. Personne ne se préoccupe de la notion d’État. L’image de la société est mise en lambeaux par les propres institutions chargées de la redresser.
Sans vouloir décrédibiliser quiconque, notamment ces membres du Conseil Présidentiel de Transition qui courbent régulièrement l’échine et se sont pliés aux volontés des petits pays de la Caricom, à celles de Brian Nichols, de Jonathan Powell, à celles des ambassadeurs de dernier rang envoyés ces années en Haïti, Il est temps de se poser deux petites questions : 1) Quelle est la véritable mission de Hans Joseph à la tête l’ULCC ? 2) Qui sont ces vrais patrons ?
Une société ne peut vivre de crise et de ces scandales que l’Unité de Lutte et de la Corruption cautionne dans ces différents rapports invertébrés diffusés dans la presse. Les représentants de la justice (Doyen du Tribunal) qui participent à ces types de conférences de presse avec manipulation à l’avance de l’opinion publique auraient dû, eux-mêmes, rappeler à l’ordre le DG Joseph ou les membres de la Brigade anti-corruption. Mais c’est la grande visibilité pour tout le monde afin de s’assurer une place de choix auprès de la communauté internationale.
Je suis un fils de l’ULCC, je connais le système. Je connais mes anciens collaborateurs et mes anciennes collaboratrices. Je connais les frustrations au sein de la boîte. Je connais le mode opératoire qui n’est qu’un secret de Polichinelle. Je lance ici un appel à ces cadres compétents pour leur demander d’arrêter de cautionner la bêtise et les velléités malhonnêtes du DG Joseph.
De plus, vous savez tous, que la loi de 2004 créant l’ULCC et celle de 2014 sur la répression de la corruption, ne permettent pas cette publicité devant la presse de ces résumés dits exécutifs qui prononcent de véritables sentences et s’érigent en tribunal. Ces démonstrations médiatisées ne font que répondre aux ambitions personnelles et aux projets politiques.
L’ULCC a été créé en 2004. Les enquêtes ont toujours été menées dans la discrétion avec les partenaires locaux et les organismes internationaux. Contrairement à ce qui se dit, des sanctions ont eu lieu bien avant la nomination de Hans Joseph à la tête de l’institution. J’ai aussi toujours défendu le fait qu’un directeur de l’ULCC ne doit pas passer plus de trois ans à la tête de l’Institution. Le fil entre la lutte contre la corruption et la corruption elle-même est trop ténu, voire disparate.
Chers lecteurs et lectrices du Journal Le Quotidien 509, un média qui, j’estime, apporte une valeur ajoutée sur la toile internet. Il est peut-être temps de vous poser les deux petites questions plus haut mentionnées 🙂 Quelle est la véritable mission de Hans Joseph à la tête de l’ULCC ? 2 ) Qui sont ces vrais patrons ?
De plus, je signalerai à volonté les coïncidences suivantes :
1) La majorité des rapports de l’ULCC sont publiés à chaque fois qu’il est question de nomination de nouveaux DGs ;
2) Des ennemis politiques ou bienfaiteurs du DG Joseph sont pointés dans les rapports ;
3) Plusieurs personnes ciblées dans les rapports ont informé avoir été approchées en dehors de l’enquête ;
4) Plusieurs personnes dénoncent que les enquêteurs n’ont jamais pris soin de s’enquérir des mécanismes de fonctionnement et des procédures de travail des institutions de crédit, des banques et d’autres professionnels dans leurs rapports ;
5) Plusieurs personnes dénoncent que leurs déclarations et les éléments de preuve fournis ont été manipulés;
6) Les conclusions de l’ULCC sont pernicieuses.
Il est peut-être temps d’ouvrir aussi une enquête sur l’Unité de Lutte contre la Corruption et les années du DG Hans Joseph au sein de l’institution.
En publiant, de cette manière, ce document contre le CPT, le DG Hans Joseph s’est, pour moi, avili. Je suis profondément déçu de mes anciens collaborateurs et collaboratrices qui se mettent ces jours-ci davantage à la solde du DG que de la volonté de produire un réel travail scientifique.
Je comprendrai si vous jugez bon de ne pas publier mon courriel dans votre journal, mais je fais appel à mon sens du devoir. Le sauvetage national doit aussi passer par là.
Pierre E.