Port-au-Prince, le 31 juillet 2025 — Depuis la suspension partielle des financements humanitaires américains en janvier, l’UNICEF et ses partenaires ont pu traiter seulement 4 600 enfants atteints de malnutrition aiguë sévère. Ce chiffre ne représente que 3,6 % des 129 000 enfants identifiés comme nécessitant une prise en charge en 2025.
Cette situation reflète un affaiblissement préoccupant des services pédiatriques, dans un pays déjà fragilisé par l’insécurité et les déplacements massifs de population, selon un article de ONU Infos.
Le tableau sanitaire se dégrade aussi du côté de la santé maternelle : entre février 2022 et avril 2025, le taux de mortalité maternelle institutionnelle est passé de 250 à 350 décès pour 100 000 naissances vivantes. Une hausse significative dans un pays où la majorité des femmes accouchent sans assistance médicale sécurisée.
Dans les zones sous contrôle de groupes armés, les violences sexuelles basées sur le genre se sont intensifiées, touchant femmes et adolescentes dans l’indifférence générale.
Face à ces chiffres alarmants, le Ministère de la Santé publique et de la Population (MSPP) reste muet. Aucune annonce n’a été faite sur la manière dont l’État entend compenser le retrait des programmes américains — que ce soit pour l’approvisionnement en vaccins, la prise en charge médicale de base, ou la protection des femmes et des filles.
Même opacité du côté du Ministère des Affaires sociales, pourtant en première ligne sur les programmes de transferts monétaires et de soutien communautaire. Ces dispositifs, largement utilisés depuis 2021 pour assurer une sécurité alimentaire minimale aux ménages vulnérables, ont été suspendus sans communication publique claire.
« Les bénéficiaires ne savent plus à quoi s’attendre. Ils se sentent abandonnés, sans explication », témoigne un acteur humanitaire travaillant dans la région de l’Artibonite.
Alors que le terrain accuse le coup, la ministre aux droits de la Femme Pedricka Saint Jean multiplie les missions diplomatiques à l’étranger. Plusieurs observateurs s’interrogent sur l’efficacité de ces déplacements, au moment où les services essentiels ferment un à un dans les hôpitaux et centres communautaires. Les programmes sur le genre ont été les premiers affectés par la fermeture de l’USAID.
Au-delà de l’urgence immédiate, la suspension des programmes de développement résilient — cofinancés par l’USAID, l’UNICEF et d’autres agences — affecte durablement les capacités de réponse nationale : sécurité alimentaire, agriculture urbaine, accès à l’eau potable… tout est gelé.
« Ce n’est pas seulement une crise humanitaire, c’est une rupture dans la vision à moyen terme du pays », analyse un responsable de programme international basé à Port-au-Prince.
La rédaction



