Port-au-Prince, 12 juillet 2025 – Un nouveau rapport alarmant publié par le Bureau intégré des Nations Unies en Haïti (BINUH) et le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme dresse un tableau sombre de la situation sécuritaire en Haïti. Entre octobre 2024 et juin 2025, plus de 4 864 personnes ont été tuées, dans un climat de violence extrême marqué par la montée en puissance des gangs armés et l’effondrement de l’autorité de l’État dans de nombreuses régions du pays.
Des régions hors de contrôle
Le document publié le 11 juillet met en lumière l’intensification dramatique des violations des droits humains hors de la capitale, notamment dans les départements de l’Artibonite et du Centre, où l’État est quasiment absent. La chef par intérim du BINUH, Ulrika Richardson, tire la sonnette d’alarme :
« Les violations des droits humains s’intensifient dans les régions du pays où la présence de l’État est extrêmement limitée. La communauté internationale doit renforcer son soutien aux autorités, qui sont les premières responsables de la protection de la population haïtienne. »
Les gangs ont étendu leur influence le long des axes routiers stratégiques du Nord et du Centre, menaçant même les zones frontalières avec la République dominicaine.
Un tournant sanglant : Pont Sondé
Le rapport revient sur un événement marquant : la tuerie de masse de Pont Sondé, en octobre 2024, qui a fait plus de 100 morts. Ce massacre a ouvert un nouveau cycle de violences entre gangs et groupes dits « d’autodéfense ». La ville de Mirebalais, au Centre, a vu fuir la quasi-totalité de ses 100 000 habitants au début de l’année.
Une réponse sécuritaire insuffisante
Malgré le déploiement d’unités de police spécialisées, appuyées par la Mission multinationale d’appui à la sécurité (MMAS), l’État peine à reprendre le contrôle des zones dominées par les gangs. Le manque de moyens, de coordination, et les limites du soutien international rendent l’action sécuritaire inefficace.
Le rapport note également que des exécutions sommaires ont été commises par les forces de sécurité haïtiennes contre des individus accusés de connivence avec les gangs, tandis que les abus des groupes « d’autodéfense » se multiplient.
« Une histoire d’horreur sans fin »
Pour le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, Volker Türk,
« Le peuple haïtien est à la merci de la violence horrible des gangs, des violations des droits humains par les forces de sécurité et des abus des groupes d’autodéfense. »
Il appelle à une intervention urgente de l’État haïtien, appuyée par la communauté internationale, pour endiguer la violence et restaurer l’état de droit.
Une menace régionale
Le rapport souligne que l’expansion territoriale des gangs accroît le risque de propagation régionale de la violence, ainsi que le trafic transnational d’armes et d’êtres humains. Ce phénomène pourrait déstabiliser davantage les pays voisins.
La rédaction

