Port-au-Prince, 28 août 2025 – De nombreux parents partagent avec fierté les premières années de leurs enfants sur les réseaux sociaux. Pourtant, ce geste anodin peut se transformer en une menace grave, certains contenus finissant entre les mains d’agresseurs, de fraudeurs ou de réseaux malveillants.
1. Détournement des images à des fins pédocriminelles
Des organismes officiels alertent : jusqu’à 50 % des photos d’enfants diffusées sur des forums pédopornographiques proviendraient de publications parentales. La Commission nationale de l’informatique et des libertés (CNIL) met en garde contre les clichés publiés, y compris ceux pris dans un bain ou en tenue légère, qui peuvent être récupérés et détournés—even issus de profils supposés privés.
2. Usurpation d’identité et “kidnapping numérique”
Les images d’enfants sont parfois volées pour créer de faux profils, offrir une apparence d’authenticité ou manipuler à des fins criminelles. Des pratiques comme le “digital kidnapping” ont été observées : des inconnus utilisent une photo pour se faire passer pour l’enfant ou créer une fausse narrative.
3. Vol d’identité et risque financier futur
Partager des photos d’enfants en y incluant des données personnelles (nom, date de naissance, lieu, etc.) expose à des risques majeurs : cela pourrait représenter jusqu’à deux tiers des vols d’identité chez les jeunes d’ici 2030. Internet Matters précise également que 94 % des familles n’étaient pas protégées en cas de fraude identitaire touchant leur enfant.
4. Création d’une empreinte numérique incontrôlable
Selon l’agence OPINIUM, au 13ᵉ anniversaire d’un enfant, ses proches auront déjà partagé en moyenne plus de 1 300 contenus (photos/vidéos) en ligne. UNICEF et d’autres experts soulignent que ce “sharenting” (partage par les parents) entraîne une identité numérique imposée, dont l’enfant n’a pas choisi la forme.
5. Deepfakes et manipulation visuelle
Les technologies d’intelligence artificielle permettent désormais de retirer des filtres ou emojis, ou même de créer des montages profondément compromettants à partir d’une simple photo.
Un expert turc souligne que ces images peuvent alimenter des “réseaux sombres” et être utilisées pour propager du contenu pédopornographique ou des fraudes.
6. Impact psychologique à long terme
Ce partage excessif peut avoir des conséquences psychiques : embarras à l’adolescence, perte de contrôle de son image, dépendance au regard d’autrui, voire anxiété ou dépression. Les enfants peuvent se sentir objectifiés, penser que leur valeur dépend de leurs apparences ou exploits mis en ligne.
7. Recommandations pour les parents
Pour limiter ces risques, plusieurs institutions conseillent :
- Limiter la visibilité des publications, en privilégiant les messageries privées (WhatsApp, mail, MMS) plutôt que les réseaux publics.
- Demander l’accord de l’enfant (s’il est en âge de comprendre) et de l’autre parent avant toute publication.
- Éviter les photos intimes (maillot de bain, nudité, bain), et flouter le visage ou masquer l’environnement.
- Sensibiliser aux dangers du partage même entre proches, et rappeler que n’importe qui peut repartager.
Ce qui paraît être un acte quotidien — publier les photos de ses enfants — peut se transformer en porte ouverte à des usages dangereux, qu’ils soient criminels, identitaires ou psychologiques. Il est crucial que les parents adoptent une approche réflexive, consciente du droit à l’image, du consentement et des dangers invisibles qui guettent chaque partage.
La rédaction


