Jamaïque, 27 octobre 2025. Trente-sept ans après le passage dévastateur de l’ouragan Gilbert, la Jamaïque se retrouve de nouveau face à un monstre météorologique. L’ouragan Melissa, désormais classé en catégorie 5, frappe l’île avec des vents soutenus atteignant 160 miles à l’heure (260 km/h), selon les dernières données du National Hurricane Center (NHC).
Une intensité comparable à Gilbert
En septembre 1988, l’ouragan Gilbert avait traversé la Jamaïque d’est en ouest, causant plus de 300 morts dans la région, dont 45 sur l’île, et détruisant près de 80 % des cultures agricoles.
Aujourd’hui, Melissa présente des caractéristiques similaires, bien que son déplacement soit beaucoup plus lent : 3 miles à l’heure seulement, contre une dizaine pour Gilbert. Cette lenteur accroît considérablement les risques d’inondations, de glissements de terrain et de submersion côtière.
Le NHC, dans son bulletin public #24A publié à 8 h 00 (EDT), précise que l’œil du cyclone se situe à la latitude 16,4° Nord et à la longitude 78,0° Ouest, se déplaçant vers l’ouest à 3 mph. La pression minimale est estimée à 913 mb, un signe d’intensité extrême.
La Jamaïque sous le choc
Le gouvernement jamaïcain a décrété une situation d’urgence nationale.
Les vents violents ont déjà provoqué des coupures massives d’électricité, tandis que des centaines de familles ont dû évacuer leurs habitations situées dans les zones côtières et montagneuses.
L’aéroport de Montego Bay a suspendu toutes ses opérations jusqu’au 29 octobre, et la capitale Kingston est balayée par des pluies torrentielles.
« Les conditions vont empirer au fil des heures », a averti le National Hurricane Center, ajoutant que des inondations catastrophiques sont attendues « tout au long de la journée et dans la nuit ».
Un cyclone plus lent mais tout aussi dangereux
Si Gilbert avait été plus rapide et plus violent en vents, Melissa présente un danger d’une autre nature : sa stagnation prolongée.
En se déplaçant à une vitesse minimale, le système déverse des pluies continues susceptibles de provoquer des cumul d’eau records.
Les services météorologiques de la région prévoient localement plus de 400 millimètres de précipitations, notamment dans les zones montagneuses du sud de la Jamaïque et sur l’île d’Hispaniola.
Haïti et la République dominicaine en vigilance
Les autorités haïtiennes et dominicaines maintiennent une alerte rouge pour les départements du Sud, de Nippes et de la Grand’Anse, ainsi que pour les provinces de Barahona, Pedernales et San Cristóbal.
Les pluies s’intensifient sur les côtes sud, et les équipes de la Protection civile haïtienne redoutent des glissements de terrain et des coupures de routes dans les heures à venir.
Le premier bilan régional fait état de quatre morts, dont trois en Haïti et un en République dominicaine.
Le souvenir de 1988
L’ouragan Gilbert avait laissé un souvenir douloureux dans la mémoire collective. Classé lui aussi en catégorie 5, il avait atteint une pression minimale de 888 millibars, l’un des plus puissants jamais enregistrés dans l’Atlantique.
Il avait transformé des quartiers entiers de Kingston en ruines, provoquant une crise humanitaire et économique majeure.
« Melissa nous rappelle que malgré les progrès technologiques, nous restons vulnérables face à la force de la nature », confie un habitant de Montego Bay à la télévision jamaïcaine.
Un test de résilience pour la région
La Jamaïque, Haïti et la République dominicaine affrontent de nouveau la réalité d’une vulnérabilité régionale persistante.
Si la préparation et les systèmes d’alerte se sont améliorés depuis Gilbert, les effets de Melissa rappellent cruellement la fragilité des infrastructures et la dépendance climatique des Caraïbes.
Les prochaines heures seront décisives. Le National Hurricane Center prévoit une nouvelle mise à jour en milieu de journée, mais prévient déjà que Melissa pourrait rester un ouragan majeur encore 24 à 36 heures, avant de faiblir graduellement sur la mer des Caraïbes occidentales.
La rédaction

