Le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, Volker Türk, a dénoncé le jeudi 2 octobre 2025 à Genève l’usage “disproportionné et probablement illégal” des drones en Haïti par les autorités dans leurs opérations contre les gangs armés. Selon lui, les frappes de drones menées par la Police nationale d’Haïti (PNH) et la task-force seraient responsables de plus de la moitié des morts et blessés enregistrés dans le pays depuis le début de l’année 2025.
Des chiffres alarmants présentés devant le Conseil des droits de l’homme
Devant le Conseil des droits de l’homme de l’ONU, Volker Türk a déclaré que les forces de l’ordre haïtiennes avaient exécuté sommairement 174 personnes pour appartenance présumée à un gang, tandis que les frappes de drones auraient causé la mort d’au moins 559 personnes, dont 11 enfants.
“Je suis profondément préoccupé par le fait que les forces de l’État ont fait usage d’une force meurtrière inutile et disproportionnée dans leurs opérations contre les gangs”, a affirmé le responsable onusien.
Les propos du Haut-Commissaire interviennent dans un contexte de militarisation accrue de la lutte anti-gang, soutenue par des entreprises de sécurité privées opérant en coordination avec les autorités haïtiennes.
Un drame récent à Port-au-Prince ravive les critiques
Les groupes armés contrôlent désormais près de 90 % de la capitale du pays, étendant leur influence à d’autres régions du pays. Ce climat de terreur a déjà provoqué 1,3 million de déplacés internes et aggravé une crise alimentaire d’ampleur nationale.
Silence diplomatique et embarras officiel à Genève
Lors de la même session à Genève, Ann-Kathryne Lassègue, ambassadrice et représentante permanente d’Haïti auprès du Bureau des Nations Unies, n’a pas directement évoqué la question des frappes de drones dans son discours. Diplomate chevronnée, Mme Lassègue est connue pour ses interventions sur la résilience climatique, la migration et la protection des droits humains, mais certains observateurs ont critiqué son silence sur les opérations létales de la PNH, jugé “inapproprié” dans un forum dédié aux droits humains.
Une stratégie sous surveillance internationale
Les opérations de drones en Haïti, introduites depuis mars 2025 dans le cadre d’un partenariat entre la PNH et des sociétés privées de sécurité, sont désormais dans le viseur des Nations Unies.
Le Réseau National de Défense des Droits Humains (RNDDH) et plusieurs ONG internationales ont déjà documenté des bavures répétées, impliquant la mort de plus de 230 civils au deuxième trimestre 2025.
Pour Volker Türk, ces pratiques violent non seulement le droit international des droits de l’homme, mais compromettent aussi toute perspective de restauration de l’État de droit en Haïti.
La rédaction

