Solino, Nazon, Delmas 30, Kenscoff, Saut-d’Eau, Mirebalais, La Chapelle : ces localités font partie des territoires passés sous contrôle des gangs au cours des douze derniers mois. Aucun n’a été reconquis, tandis que plus de 80 % de la zone métropolitaine reste dominée par les groupes armés.
C’est dans ce contexte préoccupant que la Mission multinationale de soutien à la sécurité (MSS) a marqué sa première année en Haïti. Son commandant en chef, Godfrey Otunge, parle pourtant de « succès ».
Dans son discours, prononcé en anglais mais distribué en version française aux journalistes, il affirme que « la MSS s’est non seulement affirmée comme un symbole d’espoir pour Haïti, mais aussi comme un exemple puissant de la coopération internationale ».
Remerciant les pays soutenant la mission, Otunge souligne que « grâce aux efforts inlassables de nos troupes, en collaboration avec nos frères et sœurs de la PNH, nous constatons une réduction significative des attaques violentes de gangs, le maintien des opérations gouvernementales et le renforcement de l’état de droit, malgré les tentatives de certains groupes frustrés de déstabiliser le gouvernement en place ».
Il reconnaît cependant plusieurs défis — notamment le financement, le personnel et la logistique —, en précisant que ceux-ci sont en cours de résolution afin de permettre à la mission d’atteindre ses objectifs dans les délais prévus. Il annonce que les partenaires internationaux prennent des mesures concrètes pour relever ces défis, alors que le pays se prépare pour un référendum et des élections.
« Pour consolider les acquis obtenus sur le terrain, la mission est en train d’établir des bases d’opérations avancées (FOB) dans des zones clés, principalement dans la région de Port-au-Prince », a-t-il ajouté, promettant que la mission s’appuiera sur les succès de l’année écoulée et redoublera d’efforts.
Otunge reconnaît que le chemin vers une paix durable est difficile, complexe et semé d’embûches. Mais avec un soutien constant, de l’engagement et une collaboration soutenue, il affirme croire qu’« une Haïti où le conflit cède la place à la tranquillité, et où le peuple haïtien peut prospérer » est possible.
De son côté, la représentante spéciale du Secrétaire général de l’ONU en Haïti, Maria Isabel Salvador, a salué le travail de la MSS aux côtés de la Police nationale d’Haïti (PNH), en dépit des nombreuses difficultés.
L’ambassadeur du Canada en Haïti, André François Giroux, a lui aussi mis en avant la coopération entre la mission multinationale et la PNH, affirmant que cette synergie a permis d’éviter que le pays ne tombe entièrement sous contrôle des gangs. Il estime que cette collaboration permet à plusieurs institutions de continuer à fonctionner.
Pour sa part, le coordonnateur du Conseil présidentiel de transition, Fritz Alphonse Jean, a rappelé que la situation actuelle résulte de choix faits par les Haïtiens eux-mêmes au cours des vingt dernières années.
Il dénonce l’attitude de certains acteurs, qu’il accuse de prendre en otage les ressources de l’État, ressources qui auraient pu servir à offrir des services de base à la population.
La rédaction