Alors que la commune de Liancourt (Artibonite) pleure la mort de policiers tombés en service, la Police Nationale d’Haïti (PNH) multiplie les communiqués… sans clarifier les faits. Pire encore, deux versions successives de l’événement ont été publiées sans que la seconde ne remplace ni ne corrige officiellement la première, semant confusion et doute au sein de la population.
Deux communiqués, deux bilans flous
Dans un premier document émis par la Coordination de Presse et des Relations Publiques (CPRP) de la PNH, l’on apprend qu’une unité de l’UDMO a été prise dans un guet-apens, le mardi 22 juillet 2025, non loin du commissariat de Liancourt. Le véhicule blindé aurait chuté dans un fossé avant d’être incendié par des hommes armés. Le texte évoque alors un bilan de trois policiers tués, un porté disparu, et un seul survivant qui aurait réussi à s’échapper.
Mais dans un second communiqué diffusé quelques heures plus tard, le porté disparu n’est plus mentionné. À sa place, la PNH fournit enfin l’identité des victimes : Jean Louis Daniel (26e promotion), Mertus Féguensly et Dareus Daniel (28e promotion). Aucun mot sur l’identité du survivant ni sur le sort du quatrième policier.
Or, les vidéos diffusées sur les réseaux sociaux montrent quatre corps au sol, contredisant directement le premier bilan officiel.
Silence sur le chaos logistique et tactique
En plus du flou sur les pertes humaines, aucune précision n’est donnée sur les circonstances concrètes de l’embuscade :
Quelle était la mission exacte de cette patrouille ? Comment un blindé a-t-il pu être si facilement neutralisé ? Quid des alertes ou des renseignements préalables ?
Le communiqué parle de “réponses proportionnelles” à venir, mais aucun plan d’opération, ni mesure disciplinaire ou structurelle n’est annoncé.
Un informateur mentionné…
Le premier texte mentionnait également la mort d’un “informateur” lors de l’embuscade. Son identité, son rôle et sa présence sur le terrain ne sont jamais clarifiés.
Une communication qui trahit l’improvisation
Le fait que deux versions officielles circulent sans note de clarification ni rectification formelle donne l’image d’une institution débordée, désorganisée, et incapable de maîtriser sa propre communication en période de crise.
Pour une institution comme la PNH, la crédibilité repose aussi sur la cohérence des faits. Or, ici, les zones d’ombre s’accumulent : nombre exact de morts, identité du survivant, logistique de la mission, nature des ripostes prévues…
Le chaos sur le terrain, prolongé dans les bureaux
La mort de ces agents est une tragédie nationale, mais elle révèle aussi l’état préoccupant de désorganisation interne et de perte de contrôle au sein de la PNH. Tant que les autorités ne communiqueront pas de façon transparente, coordonnée et vérifiable, la confiance du public — déjà largement entamée — continuera de s’éroder.
La rédaction





