Alors que la République dominicaine multiplie les initiatives régionales, accueille sommets, conclut des accords et s’impose comme un acteur incontournable dans la Caraïbe et les Amériques, Haïti s’enferme dans un silence diplomatique assourdissant notamment dans les dossiers impliquant les Dominicains.
Dirigé actuellement par Fritz Alphonse Jean, le CPT vient d’illustrer une fois de plus son incapacité à inscrire Haïti dans les vraies dynamiques régionales, en brillant par son absence au MISPA VIII, la grande réunion des ministres de la Sécurité publique des Amériques tenue à Santiago, République dominicaine.
En marge de la VIIIe Réunion des ministres de la Sécurité publique des Amériques (MISPA), le nouveau secrétaire général de l’Organisation des États américains (OEA), Albert Ramdin, a salué l’engagement constant de la République dominicaine envers Haïti, qu’il décrit comme une « attitude de collaboration ».
Le MISPA est le principal forum de coordination hémisphérique sur les questions de sécurité. En pleine crise sécuritaire, alors que la Police Nationale d’Haïti est exsangue, que les bandes armées dictent leur loi et que la population vit sous la terreur, ce sommet représentait une opportunité stratégique de plaider pour l’aide, la coopération, l’expertise régionale.
Pendant ce temps, la République dominicaine agit, planifie, investit, négocie. Elle accueille les États membres de l’OEA, renforce ses alliances, structure ses politiques de cybersécurité, réforme ses institutions policières… et surtout, elle occupe le vide que laisse Haïti.
Ce décalage est tragique : d’un côté, une vision stratégique ; de l’autre, un immobilisme mortifère. D’un côté, la volonté de peser ; de l’autre, la tendance à rétrécir l’ambition nationale à des calculs politiciens internes et à une transition qui s’éternise sans projet.
Le CPT, censé être un outil transitoire vers le redressement, agit comme un frein à l’engagement international d’Haïti. Par désintérêt des dossiers régionaux, peur de l’exposition, il contribue à l’effacement diplomatique du pays dans les grandes discussions sur la sécurité, l’économie, le climat, la migration ou les nouvelles technologies.
À force de se marginaliser, le pays perd des appuis, de la crédibilité, et toute chance de réintégrer les grandes dynamiques de coopération dont il a pourtant un besoin vital.
La rédaction

