Selon un rapport du Bureau intégré des Nations unies en Haïti (BINUH), présenté ce mercredi 3 juillet par Miroslav Jenča, secrétaire général adjoint de l’ONU pour l’Europe, l’Asie centrale et les Amériques, 4 026 personnes ont été tuées depuis le début de l’année en Haïti.
Parmi ces victimes, on compte 376 femmes, 21 filles et 68 garçons, a précisé le haut responsable onusien lors d’une session ordinaire du Conseil de sécurité consacrée à la situation en Haïti. Il a souligné une augmentation de 24 % du nombre de morts par rapport à la même période l’année dernière.
Déplacés internes : une explosion des chiffres
Le diplomate a également mis en lumière la situation dramatique des déplacés internes, dont le nombre a atteint 1,3 million de personnes, selon le Centre de surveillance des déplacements internes (IDMC). Ce chiffre représente trois fois plus qu’en 2023 et six fois plus qu’en 2022, preuve d’une détérioration continue de la sécurité.
Selon Miroslav Jenča, les gangs armés contrôlent désormais une grande partie de la zone métropolitaine de Port-au-Prince, rendant la situation sécuritaire extrêmement critique.
Port-au-Prince sous emprise quasi-totale des gangs
Intervenant également lors de cette réunion par visioconférence, Ghada Waly, directrice exécutive de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC), a partagé les conclusions d’une analyse menée entre mars et juin 2025.
Elle affirme que selon le dernier rapport de l’ONUDC, près de 90 % de la capitale haïtienne est aujourd’hui sous contrôle de groupes criminels organisés. Elle parle d’un « scénario de dégénérescence croissante », dans lequel la criminalité se propage à grande vitesse dans l’est et le sud du pays.
Barrage stratégique paralysé, croissance des groupes d’autodéfense
Parmi les conséquences majeures de cette insécurité, Mme Waly a évoqué la fermeture du barrage hydroélectrique de Péligre, qui fournit environ 30 % de l’approvisionnement énergétique du pays. Parallèlement, elle note une croissance rapide des groupes d’autodéfense parapoliciers, souvent non encadrés, et dont les actions contribuent à la complexification du conflit.
Rapatriements forcés dénoncés
Dans ce contexte d’extrême vulnérabilité, la responsable de l’ONUDC a dénoncé la poursuite des rapatriements forcés de migrants haïtiens par plusieurs pays de la région. Elle a alerté sur le fait que ces rapatriements sont souvent effectués vers des zones à très haut risque, sans offrir ni protection, ni accès aux services de base. Une pratique qui, selon elle, aggrave la détresse des populations déjà en danger.
La Rédaction